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Par : SNU62
Publié : 23 janvier 2013

Déclaration

Déclaration SNUipp 62 du 23 janvier 2013 à propos de la réforme des rythmes scolaires

23 janvier 2013

Depuis une dizaine d’années, L’école, institution laïque et Républicaine est décriée, attaquée de toute part. L’Éducation Nationale est accusée de « fabriquer des crétins » d’entretenir le « chaos pédagogique », l’insécurité et le chômage.

En évitant les débats parlementaires et la concertation, les ministres Darcos puis Chatel ont tenté d’imposé une véritable révolution libérale au sein de l’école.

Ces gouvernements successifs ont mis en œuvre un arsenal de dispositifs tels que :

  • la suppression de la carte scolaire,
  • la diminution sans précédent de postes d’enseignants,
  • un contrôle tatillon de l’administration, des évaluations nationales d’une fiabilité scientifique douteuse et d’une utilité pédagogique plus que contestable,
  • d’un financement par l’État du développement des établissements privés,
  • une remise en cause des droits syndicaux !

La liste est longue, mais un seul objectif à toutes ces mesures : démanteler le service public d’éducation et faire main basse sur l’école de la république. Pendant toutes ces années le SNUipp avec la FSU s’est tenu auprès des collègues et s’est battu avec détermination et sans relâche contre cette entreprise de destruction massive.

Au printemps dernier, une lueur d’espoir au travers les propositions du candidat Hollande est apparue pour la profession, refondation de l’école, loi d’orientation, concertation.

Aujourd’hui, si quelques mesures vont dans le bon sens - suppression du décret sur l’inspection, abandon des évaluations Nationales, plan de recrutement - le projet de décret relatif à l’aménagement du temps scolaire discuté ce mercredi 23 janvier en conseil des ministres ne nous convient pas !

Ce sujet est important : Il concernera le quotidien de plus de 6 millions d’élèves et plus de 10 millions de parents. Il impactera la vie professionnelle et personnelle de plus de 340 000 enseignants du primaire.

Le SNUipp avec la FSU a voté contre ce projet lors du conseil supérieur de l’éducation ainsi qu’au conseil technique ministériel. En effet, nous ne pouvons accepter un texte transmis pour la première fois le 26 décembre dernier sans aucune discussion préalable.

De plus, le ministère demande à toute la communauté éducative de se prononcer aujourd’hui alors que des pans entiers de cette réforme restent encore à clarifier : la partie enseignante notamment, et les relations avec les collectivités locales.

Un dialogue social de qualité aurait nécessité que les principaux acteurs se mettent autour d’une même table. Ce choix n’a pas été fait et nous le regrettons fermement ! Les enseignants ont besoin d’informations stabilisées et de perspectives clairement affichées pour comprendre et s’approprier les évolutions.

Le SNUipp-FSU a toujours clairement affiché ses intentions : Il faut en finir avec cette insatisfaisante « semaine Darcos », ses journées à rallonge notamment pour les élèves les plus fragiles, une aide personnalisée rejetée hors la classe sur le temps de la pause méridienne, avant ou après 16H30 et prétexte à une purge des RASED !

La question des rythmes ne saurait trouver de solution satisfaisante sans une réflexion d’ensemble englobant tous les paramètres : journée, mois, année, temps et rythmes scolaires, mais aussi fonctionnement de l’école afin d’améliorer les temps d’apprentissage des élèves et les conditions de travail des enseignants.

Le calendrier de l’année scolaire est toujours aussi déséquilibré sans l’alternance 7 semaines de classes et 2 semaines de congé, les journées seront raccourcies de 45 minutes en moyenne. Au final, la « nouvelle » semaine des écoliers pourrait bien ressembler étrangement à celle qu’ils connaissaient, pour la plupart, avant 2008… la coupure du mercredi en moins ! Tout ça pour ça !

Nous demandons des garanties concernant l’égalité d’accès à une offre éducative de qualité pour tous les élèves. La réforme ne peut pas être réussie dans les communes qui en auront les moyens et demeurée un échec dans les autres. S’il suffisait de modifier les rythmes scolaires pour améliorer la réussite des élèves, tous les enseignants de France signeraient les yeux fermés.

Nous ne pouvons accepter que le dossier n’apporte aucune garantie pour ceux qui seront en première ligne dans la mise en œuvre de cette réforme : les enseignants.

Le décret donne la possibilité qu’une organisation scolaire soit décidée sans et même contre leur avis. Un maire ou un président d’un établissement public de coopération intercommunale peut proposer au Directeur académique une nouvelle organisation scolaire tout comme un Projet Educatif Territorial en dehors du conseil d’école. Nous rejetons cette nouvelle donne !

Associer les enseignants, leur permettre de donner leur accord au sein des conseils d’école n’est pas un frein aux évolutions. Le SNUipp-FSU a exigé des améliorations des temps professionnels des enseignants pour mieux prendre en compte toutes les dimensions d’un métier en évolution (travail en équipe, concertation, rencontre avec les parents) ; nous réclamons l’alignement de notre temps de présence devant élève avec celui de nos collègues du second degré avec qui nous partageons le statut !

Les résultats de l’enquête menée en ce début d’année scolaire par le SNUipp auprès de 30000 collègues montrent que 80% d’entre eux jugent l’aide personnalisée inefficace, nous en demandons la suppression !

Nous n’accepterons pas que les activités pédagogiques complémentaires s’apparentent à une aide personnalisée déguisée avec le même volume horaire.

Nous constatons également que le ministère n’a toujours rien proposé en termes de réponse financière. Venir travailler 36 fois supplémentaires dans l’année engendre des coûts (garde de jeunes enfants, transports). Il est hors de question que les enseignants paient cette réforme de leur poche alors que leur pouvoir d’achat a été injustement raboté ces dernières années et que les PE sont victimes d’un intolérable déclassement salarial !

Le ministre doit mettre sur la table une proposition de revalorisation des rémunérations des professeurs des écoles qui à BAC + 5 restent injustement tout en bas de l’échelle des salaires enseignants. A cette heure, le compte n’y est pas, ni pour les élèves, ni pour les enseignants !

Nous souhaitons qu’un nouveau texte, profondément revu, soit proposé lors d’un nouveau Conseil supérieur de l’éducation. La balle est dans votre camp, Monsieur le Ministre.

D’ores et déjà les organisations syndicales CGT, FSU, Solidaires appellent les agents de la Fonction publique à une journée de grève le 31 janvier prochain et à participer aux initiatives locales de mobilisation (rassemblements, manifestations...).

Elles considèrent que les enjeux nécessitent une intervention la plus large possible des personnels. C’est pourquoi, elles poursuivent les contacts avec toutes les organisations syndicales de la Fonction publique pour une mobilisation massive le 31 janvier et pour construire ensemble les suites nécessaires.

Le 31 janvier, elles porteront des revendications pour :

  • l’emploi en exigeant un moratoire immédiat sur les suppressions d’emplois et des créations partout où cela est nécessaire ;
  • les salaires et le pouvoir d’achat en exigeant notamment une augmentation urgente de la valeur du point d’indice ;
  • l’abrogation du jour de carence,
  • l’amélioration du fonctionnement de la Fonction publique et des services publics.

Autant d’exigences que nous défendrons ensemble le 31 janvier pour peser sur les négociations à venir et en particulier sur la réunion du 7 février prévue avec la Ministre concernant les rémunérations.

Arras, le 23 janvier 2013

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Déclaration SNUipp 62 du 23 janvier 2013