Pour préparer l’avenir, maintenant agir !
DISCOURS DE CLÔTURE DE BERNADETTE GROISON SECRÉTAIRE GÉNÉRALE
Nous avons à ce congrès fêté les 20 ans de la FSU. Je crois que nous sommes tous d’accord pour dire que l’essentiel de cet événement est ce que l’histoire nous en a appris. Car l’histoire n’a d’intérêt que pour bien s’ancrer dans le présent et anticiper l’avenir. Notre grande fierté est d’avoir inscrit dans le paysage syndical français un nouvel outil syndical. De congrès en congrès, nous faisons évoluer cet outil, nous l’adaptons à nos besoins revendicatifs et au contexte. Cette année encore à Poitiers, nous avons eu à cœur de toujours mieux préparer l’avenir.
Après une semaine passée dans ce lieu symbolique du Futuroscope, nous repartons avec un enrichissement certain de nos plateformes revendicatives, des propositions qu’il nous faut maintenant porter avec force et conviction.
Nous sommes faits de convictions.
Conviction qu’il faut trouver des alternatives au néolibéralisme. Parce qu’il n’est pas acceptable qu’aujourd’hui encore le monde soit dominé par les puissants qui refusent le partage des richesses, nous faisons de la sortie de crise économique, financière, environnementale et sociale un enjeu majeur pour redonner à chaque salarié, chaque jeune, chaque retraité, dignité, émancipation et espoir face à l’avenir.
Conviction qu’il faut lutter contre toutes les inégalités, qu’elles soient sociales, territoriales, sexuées etc. Nous nous engageons à faire de ce XXIème siècle celui de la justice sociale, des solidarités et des libertés.
Conviction que les transformations sociales sont nécessaires. Il nous faut gagner de nouveaux droits et les rendre effectifs, car la société évolue, les espaces s’étendent. Pour que le monde devienne plus humain, les droits universels, nous devons penser ces nouveaux droits et les penser au-delà de nos frontières.
Conviction que les services publics et la Fonction publique sont une richesse pour l’avenir de notre pays. C’est aussi une conception profondément moderne de l’organisation de notre société. Education, santé, emploi, justice, culture, transport, recherche, énergie… les services publics concernent tant d’aspect de notre vie et conditionnent la qualité de vie de chacun.
Notre société évolue, ses besoins se multiplient. Petite enfance, aide à la personne mais aussi aménagement du territoire, logement… il faut réaffirmer et élargir les champs qui doivent être couverts par des services publics.
Eléments de cohésion sociale, de justice sociale et de démocratie, nous nous engageons à garantir leur accès à tous et à chacun.
Conviction que le travail est une richesse et qu’il doit être source d’émancipation. Nous allons continuer à défendre cette conception du travail, à défendre les droits des salariés, à en conquérir de nouveaux notamment en matière de protection sociale.
Nous allons aussi continuer à imposer que l’on fasse enfin les transformations qui touchent au cœur des métiers et qu’attendent les personnels pour pouvoir exercer mieux leur métier au quotidien. Tout comme nous allons continuer de travailler à l’amélioration des conditions de travail, du pouvoir d’achat, de l’emploi. Le gouvernement s’honorerait à abroger la journée de carence : ce serait enfin le signe, qu’au-delà des discours, il ose affirmer l’estime et le juste respect qu’il a et qu’il doit aux agents de la Fonction publique !
Conviction que l’Education est source d’émancipation individuelle, de justice sociale et d’égalité. Nous allons continuer à porter un projet éducatif ambitieux pour tous les jeunes. Derrière la réussite de tous, il y a des noms, il y a des visages, il y a des rêves et des espérances. Nous ne les décevrons pas. De la maternelle au lycée mais aussi dans l’enseignement supérieur, nous allons porter nos exigences pour vaincre les difficultés scolaires, pour offrir une éducation réussie et une qualification à tous.
Rassembler, proposer, agir… autant de mots qui recouvrent bien des débats mais aussi la conviction que rien ne peut se faire, rien ne doit se faire sans les acteurs de notre société.
Nous allons poursuivre inlassablement nos mobilisations. Sous toutes les formes de ce mot : professionnelle, citoyenne, syndicale. Les évolutions nécessaires, nous, nous les ferons avec les personnels.
Le texte action que nous avons voté en donne déjà les premiers rendez-vous. Depuis son congrès de Poitiers, la FSU interpelle le gouvernement sur les enjeux lourds pour l’avenir, sur les attentes fortes des citoyens. Il y a des décisions, des mesures à prendre qui ne doivent plus attendre !
A l’issue de notre congrès, nous sommes plus que jamais déterminés. La FSU ne renonce pas. Forte de ses propositions, elle s’engage dès les prochaines semaines dans les actions qu’elles soient sectorielles, pour l’ensemble de la fonction publique ou interprofessionnelles. Elle mettra tout en œuvre pour construire avec les personnels le rapport de forces pour gagner sur les revendications et porter nos ambitions.
Le 5 mars sera certainement une étape vers une construction interprofessionnelle qui sera nécessaire car les salariés du privé et du public doivent s’unir pour gagner ensemble leurs droits.
Dans la fonction publique, nous avons fixé une nouvelle étape d’action que nous préciserons la semaine prochaine lors de l’intersyndicale : créations d’emplois, pouvoir d’achat, journée de carence, conditions de travail.
Dans l’éducation est ouverte la perspective d’une action nationale au moment du débat parlementaire sur le projet de loi pour la nécessaire démocratisation du système éducatif. Chaque fois que ce sera nécessaire, la FSU sera au rendez vous.
20 ans après, l’unité est plus que jamais une nécessité. Unité dans la fédération pour être plus forts, et bientôt plus représentatifs à l’Etat comme à la Territoriale et rendez-vous en 2014 ; unité du mouvement syndical car nous n’avons pas le droit de laisser les salariés dans l’isolement, la fragilité et la difficulté ; unité de la société car nous devons vaincre tous les sectarismes, toutes les discriminations ; unité des générations car la solidarité est un mot qui pour nous a du sens.
En raison de tout cela, nous ne résignons pas à la division, ni au pessimisme ni au fatalisme. Le mouvement syndical doit se rassembler, chercher ce qui l’unit et non ce qui le divise. Les enjeux sont trop lourds, la crise trop profonde pour se satisfaire d’une situation qui au final arrange bien ceux qui dirigent la finance. Nous allons en appeler à la responsabilité de chacun pour réussir avec les salariés les changements qui sont espérés. Car « la vie humaine commence de l’autre côté du désespoir » comme l’écrivait Jean Paul Sartre.
Nous avons beaucoup travaillé pendant ces cinq jours, dans le sérieux et la sérénité. Nous avons eu des débats de qualité qui ont posé les questions essentielles. Nous avons mené un travail fédéral qui a permis, sur chaque thème, de répondre aux questions du moment, de penser aussi l’avenir. Sur le thème 1 nous avons précisé tout ce que nous allons porter pour faire « mieux d’Ecole » ; sur le 2, au-delà des conditions de travail et de la question de l’emploi dans les services publics, nous avons rappelé la nécessité d’un pilotage respectueux des personnels. Nous avons aussi confirmé notre désaccord avec l’acte III de la décentralisation qui en l’état organise des mutations territoriales et une organisation de l’Etat qui échappe à la population et aux agents qui font vivre les services ; dans le trois les sujets sont nombreux mais nous avons su les regarder dans non pas dans une vision hexagonale mais les mettre dans une perspective européenne et mondiale et dans le thème 4, oui nous allons continuer à rénover le syndicalisme ! Et à l’interne de la FSU nous avons montré la richesse de toutes nos composantes, syndicats nationaux, sections départementales et tendances. Les textes ont été adoptés bien au-delà des 70% et non cela n’est pas rien, cela a du sens. Nous avons fixé notre cap. Et cela montre que l’on peut faire beaucoup, ensemble, dans notre fédération !
Un congrès calme, ont pu dire certains (au début…). Je dirais plutôt un congrès de réflexion dans une période complexe et difficile. Mais un congrès résolu et porteur d’espoirs. Cela a été notre obsession : offrir des perspectives, construire des alternatives à la situation économique et sociale, porter nos exigences….Plus que jamais la volonté de propositions de la FSU s’est affirmée. Et elle ne se dissocie pas de celle de l’action. Car nous savons que pour convaincre, pour peser et pour gagner, le rapport de forces est essentiel. Nous savons aussi que rien ne peut se faire sans les personnels qui sont les acteurs essentiels des transformations.
Nous n’avons pas, 20 ans après, failli à notre tradition syndicale. Exigeants, innovants, rassemblés, mobilisateurs nous allons être cette force syndicale qu’attendent les personnels.