DECLARATION LIMINAIRE FSU CTSD DU 11 FEVRIER 2013
Monsieur le Directeur Académique,
L’école primaire a été déclarée priorité nationale par le Président de la République et nous nous en réjouissions. De grands espoirs reposaient sur l’annonce entre autres de la création de 60 000 postes dont 14 000 pour le 1er degré, une relance de la scolarisation des enfants de moins de trois ans, l’introduction du « plus de maîtres que de classes »...
Refonder l’école, si on veut sortir du bricolage et du ravalement de façade, implique que l’on s’en donne les moyens. A cette heure, le compte n’y est pas, ni pour les élèves, ni pour les enseignants. Ce qui devait être une réforme emblématique de la Refondation se révèle être une grande déception.
Certes, la dotation que reçoit notre département est pour la première fois positive après des années de suppressions de postes, certes, nous sommes conscients qu’il faudra du temps pour reconstruire tout ce qui a été détruit les années précédentes, notamment pour recruter et former des enseignants... mais la dotation de 20 postes laisse pantois : comment suffirait-elle à mettre en place le « plus de maîtres que de classes », améliorer encore la scolarisation des moins de trois ans dans un département où les conditions sociales la rendent, peut-être plus qu’ailleurs nécessaire, assurer la formation des PES, améliorer le remplacement, rétablir partout les postes de RASED nécessaires à une réelle prise en charge des élèves en difficulté, faire baisser les moyennes par classe pour assurer aux élèves de meilleures conditions d’apprentissage... C’est impossible bien sûr, c’est pourquoi nous constatons que les priorités que vous avez choisies (« plus de maîtres que de classes », remplacement) seront financées par les fermetures de classes, en conservant les seuils de l’année précédente, en ne comptant toujours pas dans les effectifs les enfants de moins de trois ans, sauf dans les ECLAIR. Force est de constater que le changement, ce n’est pas maintenant !
Enfin, quant à la manière dont est géré le dossier rythmes scolaires et aménagement de la semaine de classe, c’est l’inquiétude et l’amertume qui prédominent. Depuis des semaines, nous n’avons cessé d’attirer l’attention du ministre sur les multiples difficultés que pose la réforme des rythmes scolaires telle qu’elle a été engagée. Nous ne revendiquons pas un statu-quo ou un retour en arrière...bien au contraire ! Nous voulons une réforme réussie pour tous les enfants sur tout le territoire. Or leurs journées ne seront pas forcément raccourcies, l’allongement de la pause méridienne étant une des solutions souvent proposées pour un nouvel aménagement du temps scolaire. L’organisation des activités péri-scolaires reste à la libre appréciation des élus, tout comme leur gratuité, ce qui va créer des inégalités territoriales. De nombreux aspects n’ont pas été pris en compte dans cette réforme conduite à marche forcée, comme par exemple les besoins physiologiques des plus jeunes enfants, qui nécessitent qu’ils bénéficient d’une sieste juste après le déjeuner...
Nous demandons également une réforme qui prenne en compte les conditions de vie professionnelle des enseignants. Dans beaucoup d’endroits, faute de locaux, il est envisagé d’utiliser les salles de classes pour ces activités du midi. Mais alors, que feront les enseignants qui sont condamnés à rester à l’école sur ce temps méridien ? Du coup, les enseignants finiront l’école à 16H 15 voire 16H30 comme avant, avec le mercredi en plus. Il est inconcevable de leur imposer un allongement de leur amplitude de travail à l’école, avec les frais de déplacement et de garde des jeunes enfants qui en découleront.
Horaires des écoles, durée de la pause méridienne, organisation de la sieste en maternelle, utilisation des locaux scolaires sur le temps péri-éducatif, organisation des activités périscolaires et des activités pédagogiques complémentaires, tout cela ne peut être pas être le fruit d’une décision unilatérale écartant les enseignants. Or le texte aujourd’hui n’impose pas aux collectivités de consulter les enseignants et le conseil d’école.
Face à ce bricolage insatisfaisant qui se dessine pour les enfants comme pour les enseignants, le SNUipp-FSU estime qu’il faut reporter la réforme à 2014. Le décret d’aménagement du temps scolaire doit être revu, les conseils d’école consultés. Il faut se donner le temps de penser une vraie réforme et de construire les conditions de sa réussite dans les écoles en s’appuyant sur les enseignants. C’est sur cette base, que le SNUipp-FSU, soutenu par la FSU, attaché à une transformation de l’école au service de la réussite des élèves, appelle à la grève le mardi 12 février 2013. Pas de statu quo ! Nous voulons faire bouger l’école, dans le bon sens et avec les enseignants.