Des enseignants inquiets mais inventifs, un ministre déconnecté et injonctif
Application en urgence d’un protocole sanitaire lourd, disparition des jeux collectifs et des interactions sociales favorisant la construction de tous les savoirs… cette école n’est pas celle que l’on connaît. Pourtant, depuis le 12 mai, les élèves du Pas-de-Calais retrouvent peu à peu le chemin de l’école.
Et malgré les conditions extrêmement difficiles de reprise à l’école, les enseignants - comme pour la mise en place de la continuité scolaire à distance pendant le confinement - ont fait preuve d’inventivité et de professionnalisme. Ils ont tout fait pour accueillir leurs élèves dans une école qui tente de se rapprocher le plus possible de leur vécu, tout en étant les garants de leur sécurité.
En ce sens, ils méritent que le gouvernement leur fasse confiance pour organiser ce retour très progressif des élèves sans pression ni injonction, notamment en terme de contenu scolaire. Mais malheureusement, derrière le rideau se cachent depuis des mois une succession d’ordres, contre-ordres, protocoles version 1.0, 2.0, 3.0... qui ne leur donne pas ce sentiment de confiance et crée au contraire un véritable sentiment d’abandon, notamment sur le champ des responsabilités !
Encore une fois, au-delà des fanfaronnades et bévues d’un Ministre déconnecté du terrain, c’est bien parce que dans la majeure partie des communes, les enseignants et les collectivités, acteurs du terrain, ont su travailler ensemble pour la sécurité des élèves et des personnels qu’une reprise progressive se déroule, bon an mal an, dans le Pas-de-Calais comme partout.
Pour autant, le risque « zéro » et les remèdes n’existant pas, l’inquiétude reste très marquée chez les personnels comme dans les familles.
N’en déplaise au Ministère et aux autorités académiques, on est bien dans une reprise « à marche forcée ». Au niveau national, seules 70% des écoles ont été rouvertes dans la semaine du 11 mai, sans bénéficier pour près de la moitié des personnels d’un deuxième jour de préparation pourtant prévu par le ministère. Alors que selon la circulaire du 4 mai 2020, le conseil d’école doit être informé des modalités d’organisation de la « reprise », seulement 19 % des écoles ont pu organiser un conseil d’école avec la municipalité afin d’organiser cette reprise.
Interpellés par le SNUipp-FSU 62 fin avril, la plupart des élus de notre département ont jugé utile de reporter la réouverture de leurs écoles afin d’attendre et de mettre en place, de manière stricte, le protocole sanitaire et d’assurer une reprise sécurisée au niveau sanitaire pour les personnels et les usagers. N’en déplaise au Ministère là encore !
Par ailleurs, quand le ministre annonce "seulement" 85 % d’écoles ouvertes et 15 % d’élèves scolarisés et promet une « montée en puissance » du nombre d’élèves dans les prochaines semaines, on constate que la réalité est différente :
Dans le Pas-de-Calais, 20% des écoles publiques accueillaient des élèves dès le 12 mai ! Et bien souvent avec une fréquentation très faible (seulement 9% dans les écoles d’Arras par exemple).
A peine un quart des écoles rouvriront aux élèves le 18 mai, avec là aussi des taux de fréquentation très faible (16% des élèves de maternelle et 21% des élèves d’élémentaire sont ainsi attendus dans les écoles de Boulogne-sur-Mer). Des chiffres très en deçà du satisfecit institutionnel qui participent à ébranler chaque jour un peu plus la confiance…
Plus que de la communication ministérielle aussi intempestive qu’inadaptée, les écoles ont besoin de médecins scolaires, d’infirmières, de psychologues, d’enseignants spécialisés, de RASED et d’une véritable médecine du travail. Les enseignants et l’ensemble des personnels ont aussi besoin d’une véritable confiance dans les actes et d’honnêteté dans le discours.
Contacts presse :
- David BLOTHIAUX, co-secrétaire départemental du SNUipp-FSU 62 : 07.67.29.61.31
- Alexandra DEHOUCK, co-secrétaire départementale du SNUipp-FSU 62 : 07.82.49.48.85
- Maxime VASSEUR, co-secrétaire départemental du SNUipp-FSU 62 : 07.82.84.67.49