Le SNUipp-FSU a siégé au CDFC (Conseil Départemental de la Formation Continue) le 9 octobre 2020. Le conseil de formation s’est tenu afin de faire le bilan de toutes les formations initiales et continues dispensées l’année dernière par la DSDEN et de se projeter sur le plan départemental de l’année scolaire 2020/2021.
Cette instance permet à de nombreux acteurs de se réunir : les décideurs (IA et ses adjoints), les "pilotes" en circonscriptions (IEN) et les formateurs (CPC, PEMF et formateur INSPE).
Un bilan 2019-2020 affecté par le confinement
L’IA fait état d’une forte chute du nombre de journées de stage l’année dernière, avec à peine plus de 20 000 journées, alors que le département était sur une augmentation continue depuis 2015 (passant ainsi de 22 063 journées de stage en 2015-2016 à 31 151 en 2018-2019).
La crise sanitaire et le confinement ont eu un réel impact puisque les actions prévues après le 16 mars n’ont pas pu se tenir pour la très grande majorité d’entre elles.
Le SNUipp-FSU regrette que plus de la moitié des actions de formation ont concerné l’apprentissage des « fondamentaux » à l’école élémentaire. Ce manque de diversité dans les offres de formation est notamment dû aux instructions ministérielles concernant les animations pédagogiques, où l’ordre est donné d’affecter la moitié des 18h au français et l’autre moitié aux mathématiques.
A noter que la maternelle a représenté seulement 18 % des actions de formation et l’école inclusive/ASH à peine 5 % !
Une baisse du nombre de stagiaires en 2020-2021
Concernant les formations dites « longues » sur l’année (CAPPEI, directeurs-trices, fonctionnaires stagiaires), l’IA annonce une chute du nombre de collègues concerné-es avec 319 collègues cette année contre 387 l’année dernière.
Le SNUipp-FSU dénonce le fait que les fonctionnaires stagiaires payent le plus lourd tribu (- 75 postes). Les RASED ne sont pas en reste avec 4 stagiaires de moins cette année (de 10 à 6), et un stagiaire de moins en SEGPA/EREA (de 6 à 5) !
Les seules (petites) bonnes nouvelles viennent du nombre de stagiaires en ULIS (+ 8) et en milieu pénitentiaire avec une hausse incroyable de… 1 poste, passant ainsi de 0 stagiaire à 1 cette année !
Le nombre de collègues bénéficiant d’un stage en lien avec les activités de direction est relativement stable.
Un nombre de formateurs en augmentation
Le nombre de maitres-formateurs continue à augmenter cette année. Le département compte désormais cette année 86 EMF contre 33 en 2017. L’objectif de la DSDEN est de pourvoir chaque circonscription de 3 EMF.
Le nombre de conseillers pédagogiques s’élève lui à 95 cette année, dont 67 en circonscription.
Les « constellations », le nouveau leitmotiv de l’Administration
L’IA a rappelé son objectif fixé l’année dernière : dans les 6 années à venir, chaque collègue devrau avoir réalisé une constellation en français et une constellation en mathématiques.
En ce début d’année, dans de nombreuses circonscriptions et écoles, beaucoup d’enseignante-s se voient imposer une formation dite « en constellations » générée par le Plan national de formation Français. Désigné-es par les IEN, les enseignant-es « constellé-es » sont ainsi contraint-es de participer à une formation sur une thématique imposée. Pourtant lors d’un groupe de travail au ministère le 2 octobre dernier sur la formation continue, les représentant-es du Ministre ont indiqué que ces formations devaient "recueillir l’adhésion des enseignants désignés et que les problématiques de travail devaient être élaborés par les personnels eux-mêmes ".
Le SNUipp-FSU continue d’intervenir à tous les niveaux pour rappeler que toute action de formation se déroulant sous la contrainte a peu de chance de porter ses fruits. Le SNUipp-FSU exige donc que les constellations d’enseignants doivent être uniquement organisées sur la base d’un appel à volontaires. Et non de les imposer comme cela a été fait sur certaines circonscriptions de notre département.
Lire le communiqué intersyndical ici
Formation initiale
Le SNUipp-FSU a rappelé son étonnement au vu du grand nombre de fonctionnaires stagiaires qui sont passés au jury de titularisation l’année dernière et qui sont actuellement renouvelés, notamment en comparaison des autres départements. Le DASEN s’est engagé à en faire un point de vigilance.
L’IA a également confirmé au SNUipp-FSU qu’aucun module de formation n’est prévu concernant l’oral de titularisation, qui remplace les épreuves orales du concours 2019-2020.
L’objectif de 33 % du temps de formation dans les INSPE dispensés par des acteurs du « terrain » (EMF, MAT…) sera réalisé cette année à Outreau, dernier site où cela n’était pas encore le cas.
Plan Académique de Formation
Le SNUipp-FSU a dénoncé le faire que la plupart des formations du PAF (Plan Académique de Formation) sont uniquement destinées aux collègues du 2nd degré et ont souvent lieu dans le Nord (notamment à Lille), ce qui n’est pas sans conséquences pour les collègues du Pas-de-Calais quant aux trajets et aux conditions sanitaires relatives à la métropole de Lille. Si aucun changement n’est prévu au sujet du déséquilibre 1er/2nd degré, un travail va être effectué par la DSDEN afin que davantage de formations soient « décentralisées » hors de la métropole lilloise, avec des propositions de formation par bassin d’éducation.
Libertés pédagogiques et syndicales
Le SNUipp-FSU est également intervenu au sujet de pressions (ou de « très fortes recommandations ») adressées aux collègues par l’Administration.
Concernant la méthode Agir pour l’Ecole, le DASEN a confirmé à nouveau que cette méthode ne pouvait être imposée aux collègues. Il a néanmoins nuancé son propos en expliquant que les méthodes utilisées devaient être cohérentes au sein d’une équipe, et qu’il lui semble compliqué qu’un-e collègue sorte du dispositif si tous les autres continuent.
Concernant les RIS (réunions d’information syndicale) et les animations pédagogiques, le DASEN a rappelé qu’on ne pouvait pas reprocher à un-e collègue d’aller en RIS et de prendre ce temps sur un temps d’animation pédagogique.
Nous contacter en cas de difficulté particulière.
Communiqué du SNUipp-FSU
Formation continue : la mise au pas des enseignant-es est affirmée !
Comme toute notre société, l’école aura été violemment bousculée ces derniers mois. Pendant le confinement et le déconfinement, il n’y aura pas eu de continuité pédagogique au sens de la poursuite des apprentissages, mais des efforts immenses de tous les personnels. Et c’est bien souvent seuls que nos collègues ont dû inventer des solutions. C’est seuls, devant des applications méconnues jusque-là qu’ils ont dû prendre le temps de les apprivoiser, de les tester, de les expérimenter, de les adapter pour les proposer à leurs élèves. L’école à la maison du CNED, brandie comme seul outil pour la mise en place de la “continuité pédagogique” par le Ministre, n’a été utilisée que par 28% de nos collègues ! C’est ce que révèle notamment l’enquête Harris pour le SNUipp-FSU sur le vécu des enseignant-es durant le confinement. 96% des collègues interrogé-es affirment s’être constitué des ressources par leurs propres moyens. Pour mettre en place cette école à distance, pour penser ce lien inédit, il a fallu tout apprendre sur le tas. 84% des collègues interrogé-es estiment s’être auto-formés en ligne, c’est ainsi que le temps long octroyé par le confinement a été utilisé, entre autres. Pour autant, les professeur-es des écoles sont 95% à réclamer une meilleure formation continue. Car dans ce contexte de crise sanitaire, plus que jamais, il aura été montré la nécessité du collectif dans le processus d’apprentissage des élèves, comme dans le processus de construction des apprentissages pensé par les enseignant-es. La formation en ligne seule, ne constitue pas un véritable levier dans l’évolution voire la remise en cause des pratiques pédagogiques. Les enseignant-es demandent de la confrontation, du débat, de l’échange dans le cadre d’un travail collectif, d’un travail d’équipe.
Mais loin de répondre aux attentes des professeur-es des écoles, le Ministre nous impose un nouveau cadre de formation continue des enseignant-es du primaire. Après les mathématiques, l’accent est mis cette année sur le français, renforçant le poids des fondamentaux. Les évaluations nationales standardisées sont mises au cœur du dispositif. L’analyse des besoins et la constitution des groupes désormais appelés constellations, se fait donc à la lumière des résultats aux évaluations nationales... Pourtant, ces évaluations sont plus que controversées et très contestées par la profession. Nos collègues ne s’y plient qu’à regret et de peur d’être sanctionné-es, soyons-en certain-es... Elles sont décriées notamment parce que très orientées. Nous avons donc au final un plan de formation dit à l’esprit “horizontal”, au plus près du terrain mais qui s’appuie en fait sur un dispositif vertical. La mise sous tutelle hiérarchique des enseignant-es comme des formateurs et formatrices, est donc affirmée.
Ce plan français qui a également des répercussions sur l’utilisation des 18 heures d’animations pédagogiques, interroge sur les modalités pratiques de mise en œuvre notamment sur le temps de vacances, et sur les éventuelles incidences sur le droit à participer aux réunions d’information syndicale… Pour le SNUipp-FSU, la formation continue doit contribuer à la lutte contre les inégalités sociales et territoriales en matière de réussite scolaire. Elle ne peut en aucun cas se confondre avec l’accompagnement des réformes relevant le plus souvent du formatage. Toutes les recherches montrent que les formations informatives et/ou modélisantes n’apportent rien. Les seules actions de formation continue efficaces sont des formations-action, réflexives, définies à partir des besoins, de la demande et non à partir d’offres pré-établies, purement institutionnelles.
Sur le plan des contenus, la centration sur « les fondamentaux » ne permettra pas un enseignement satisfaisant de l’ensemble des programmes ; compromettant ainsi la démocratisation de la réussite. Et dans la mesure où les collègues attendent autre chose d’une formation continue, et les directives ministérielles ne répondant pas aux besoins du terrain, le SNUipp-FSU demande a minima, que lors de ces formations, les attentes des enseignant-es soient prises en compte.
Pour ce qui est de la formation initiale, malgré la crise sanitaire, le Ministre a poursuivi, voire accéléré la réforme de la formation des enseignant-es et ce qui est annoncé n’est pas sans nous inquiéter :
- Une formation centrée sur les « fondamentaux »,
- des étudiant-es contractuel-les qui seraient en responsabilité de classe à raison d’un tiers-temps hebdomadaire dès le M1 cela ressemble surtout au recours à une main d’œuvre bon marché,
- le recul d’un an de la place du concours qui ne va qu’accroitre le manque d’attractivité de notre métier car combien d’étudiants vont vouloir financer 5 années d’études sans avoir la garantie d’être recruté·e à la fin ?
C’est un tout autre projet que porte le SNUipp-FSU pour la formation initiale. Le syndicat revendique des pré-recrutements dès la L1 et à tous les niveaux du cursus, un concours placé en fin de L3 suivi d’une formation initiale professionnelle de deux ans, rémunérée, sous statut de fonctionnaire stagiaire et validée par un master. Des stages qui doivent s’inscrire dans une logique de formation pleinement articulée à l’INSPE et inclure des temps de préparation et d’analyse de pratiques permettant de découvrir tous les cycles. Des stages de longue durée (stages massés) qui permettaient aux fonctionnaires stagiaires de découvrir l’ensemble des cycles et qui répondaient aux attentes de nos collègues qui pouvaient partir plusieurs semaines en formation continue car ils donnaient le temps nécessaire pour acquérir une réflexivité sur les pratiques tout en réactualisant les connaissances sur les apprentissages des élèves.
Le SNUipp-FSU réclame enfin une première année de titulaire à mi-temps en classe qui permettrait de construire des compléments didactiques et disciplinaires, pour s’exposer à l’analyse de pratique. Ainsi que la poursuite de la formation initiale en T2.
Arras, le 9 octobre 2020