Les nouveaux programmes d’éducation morale et civique, applicables à la rentrée 2024, tournent le dos à l’exercice d’une citoyenneté en devenir.

Une conception autoritariste

« L’école sera le fer de lance du réarmement civique demandé par le président de la République. » C’est dans ces termes guerriers que Gabriel Attal parle de l’école lors de sa première conférence de presse le 30 janvier 2024. Et en effet, les contenus d’enseignement des nouveaux programmes d’EMC montrent une conception rigide et descendante de la construction de la citoyenneté au détriment d’un travail de réflexion et de compréhension. Déclinés par année scolaire, les nouveaux programmes d’EMC doivent se mettre en place en trois ans, en commençant cette année par le CP et le CM1. Dès le CP les injonctions au « respect » et la référence aux « règles » sont martelées. Un paragraphe portant sur les « différents degrés d’un manquement [aux règles] pouvant entraîner une sanction » est emblématique de cette priorité à une forme de « dressage » à l’entrée en élémentaire.

Des pratiques descendantes

Les « démarches et situations d’apprentissages possibles », supprimées en 2018, réapparaissent. Éclairer les enseignants sur ce qui peut se pratiquer en classe est essentiel. Mais les contenus proposés confondent souvent pratiques pédagogiques et objectifs et risquent de favoriser un enseignement descendant, qui pourrait se réduire à des lectures ou une leçon de morale abstraite. Les PE ont besoin d’être formés sur les connaissances, les principes et les valeurs mais aussi sur les démarches et situations d’apprentissage permettant de transformer les élèves en leur faisant comprendre les enjeux qui dépassent les simples contenus disciplinaires. C’est nécessaire aussi pour éviter toute instrumentalisation politique de cet enseignement.

Une construction de l’esprit critique pourtant nécessaire

Enﬁn, se pose la question de la crédibilité d’un programme qui valorise l’égalité, la liberté, la fraternité, la solidarité... face à une organisation du système scolaire et de la société en contradiction avec ces valeurs. Il faut prendre le risque d’assumer cet écart devant nos élèves et leur montrer que c’est justement la réduction de cet écart qui doit être l’enjeu de ce qu’on leur enseigne. C’est un des enjeux de la construction de la citoyenneté.

Les missions données à l’EMC dépendent du type de citoyen·ne que l’on veut former. Pour la FSU-SNUipp, la construction de l’esprit critique et la capacité à participer à une société juste et apaisée sont essentiels. Cette conception est à l’inverse des programmes d’EMC 2024.

De nouveaux programmes d’EMC inquiétants

De nouveaux programmes d’EMC inquiétants