Les représentant-es du SNUipp Pas-de-Calais et de la FSU ont siégé au Groupe de Travail académique « mise en place des PAS » du 03 octobre 2025, en présence des services du Rectorat ainsi que les représentant-es du personnel (5 représentant-es FSU, 4 représentant-es UNSA, 2 représentantes FO, 2 représentant-es SNALC, 1 représentante CFDT).

L’expérimentation des Pôles d’Appui à la Scolarité (PAS) dans l’académie de Lille s’est déployée en repérant des territoires ayant une forte population. Il y a également dans ce déploiement une logique de PAS peu éloignés pour couvrir un territoire pour permettre aux professionnels d’intervenir.

Mais alors que tout le monde est dans le flou sur la mise en place de ces PAS en cette rentrée, les temps de réunion, comme les COPIL (comité de pilotage) entre les différents acteurs tardent à être programmés ou reprogrammés.

Point sur les recrutements

Alors qu’initialement le PAS devait être composé de trois personnes (un-e Coordonnateur-trice Education Nationale, un-e éducateur-rice spécialisé-e et un-e AESH référent-e), la mise en place des PAS dans l’académie de Lille se fait finalement sans AESH-référent-e !

Quid de l’AESH référent-e ? Une fois encore le métier d’AESH n’est pas reconnu !

Tout comme les PIAL, la mise en place des PAS semble être ajustée en fonction de la politique départementale. La FSU-SNUipp 62 a alerté sur la nécessité d’une harmonisation.

Point sur les moyens alloués au PAS

Alors que l’Education Nationale s’était engagée à ce que l’expérimentation des PAS dans notre académie ne génère pas de frais supplémentaires ni au département ni aux EPLE, on se retrouve avec des situations ubuesques où les membres du PAS n’ont pas de salle attribuée voire aucun matériel. De ce fait il est demandé de faire appel aux EPLE pour trouver des solutions ; mais comment ? Sur fonds propres ? alors que les crédits qui leur sont alloués sont en chute libre.

En parallèle, la dotation prévue initialement par l’Agence Régionale de Santé (ARS) a été revue à la baisse passant de 140 000 euros à 133 000 euros !

Ces moyens au rabais mettent en difficulté les personnels du PAS mais également les chefs d’établissement des EPLE qui accueillent les PAS.

Certains PAS font remonter directement leurs besoins au PDEI, d’autres passent par le chef d’établissement où est installé le PAS pour s’adresser directement au département, d’autres encore en sont venus à faire un appel aux dons...

Les missions

Les missions des PAS sont définies mais la mise en place semble difficilement réalisable.

L’une des missions des PAS est le soutien aux élèves à besoins éducatifs particuliers. Mais sous quelle forme va être proposée ce soutien ? L’administration assure que le PAS pourra donner des réponses transversales de premier niveau comme la pédagogie universelle (qui invite à s’assurer de l’accès pour tous aux savoirs, pour ne pas avoir à remédier ensuite aux difficultés rencontrées par certains élèves ) et les solutions numériques.

En effet l’administration considère que souvent le matériel numérique (comme cartable ASH, géogébra, l’ENT….) n’est pas suffisamment exploité. Ces « solutions numériques » seront donc exploitées avant d’envisager le matériel pédagogique adapté. Mais c’est déjà ce que font les équipes sur le terrain !

Une autre mission est l’appui aux enseignant-es et aux équipes éducatives. Mais sur quel temps ?L’administration projette cet appui sur les 108 heures dans le 1er degré. La FSU-SNUipp 62 a rappelé que sur le terrain les 108 heures débordent et que dans le second degré les collègues sont aussi surchargés. L’administration s’engage à ce que la mise en place des PAS n’entraîne pas de surcharge de travail au niveau des équipes. Lorsqu’on voit les difficultés de concertation rencontrées sur le terrain par les collègues qui co-interviennent ou qui incluent des élèves, on est en droit de s’interroger sur la faisabilité de cet appui sans conséquences directes sur les conditions de travail des collègues PE et AESH.

Quoi qu’il en soit, la FSU n’hésitera pas à intervenir auprès de l’administration en cas de dégradation des conditions de travail des personnels.

L’organisation

Le binôme du PAS pourra mobiliser des ressources spécialisées Education Nationale. L’administration attend des RASED et des PE spécialisé-es qu’ils et elles soient dans la « pair-aidance » avec le PAS. Et ce, alors que les RASED sont en difficulté pour assurer un suivi auprès des élèves qui le nécessitent !

L’EMAS est une autre des ressources mobilisables par le PAS. Au vu du nombre d’expérimentations cette année cela peut être réalisable, mais si les PAS devaient s’étendre à toute l’académie, comment ces ressources pourraient être réellement mobilisables ? A cette question, l’administration répond qu’il n’y aura aucun problème de recrutement. Nous sommes en droit de craindre qu’effectivement des moyens seront trouvés par l’ARS mais bel et bien au détriment des établissements médico-sociaux.

La FSU-SNUipp rappelle la nécessité de :

– Faire confiance aux professionnels des RASED dans la mise en œuvre des aides directes proposées aux élèves dans et hors la classe qui sont le cœur de métier et pour que les aides indirectes, dont celles apportées aux enseignants continuent à se faire au plus près des équipes en refusant tout dévoiement vers un rôle de personnes ressources éloignées des élèves et des écoles.

– Donner les moyens aux personnels des RASED d’exercer leurs missions dans le cadre de la circulaire de 2014 :
o En recréant le nombre de postes nécessaires pour revenir à minima aux effectifs d’avant 2008,
o En augmentant le nombre de places au concours de psychologues,
o En réaffirmant et garantissant le cadre de travail des RASED,
o En promouvant des RASED complets dans leurs trois composantes et en favorisant les départs en formation,
o En améliorant la formation au CAPPEI, en particulier du point de vue du module de professionnalisation.

Mise en place des PAS

Alors que les PAS sont censés être opérationnels au retour des vacances d’octobre, quelle est la situation sur le terrain ?

Les binômes PAS ( coordinateur-trice EN + éducateur-trice spécialisé-e) sont en formation pour créer une cohésion Education Nationale/ARS. Un second temps de formation est envisagée pour les CPC qui devront ensuite former les collègues dans les établissements sur l’installation des PAS. Encore une fois, sur quel temps ?

Pour la FSU, cette formation doit se faire uniquement sur le temps de service. En effet, il est hors de question que cela alourdisse le temps de travail des personnels, et par conséquent leurs conditions de travail !

Dans les faits le PAS pourra être saisi par les familles ou par les établissements.

L’accompagnement du PAS est défini pour une période de 6 mois. A la fin de ces 6 mois une évaluation sera réalisée, avec le PAS, l’équipe pédagogique, l’enfant et sa famille, pour décider de poursuivre ou non l’accompagnement.

L’administration considère que le PAS ne ralentira pas le diagnostic des troubles chez nos élèves mais dans les faits ne va-ton pas encore creuser les inégalités ? En effet les familles qui auront financièrement les moyens pourront, en parallèle des PAS, consulter des spécialistes afin d’optimiser le temps et de poser plus rapidement un diagnostic si besoin. Pendant ce même temps, les enfants issus de familles moins favorisées attendront les 6 mois ou plus d’accompagnement du PAS avant qu’on leur demande de consulter des spécialistes pour détecter d’éventuels troubles !

Le PAS permettra l’obtention de matériel pédagogique adapté mais quid des séances d’ergothérapie nécessaires pour certains élèves ? Le PAS ne sera t-il donc bénéfique qu’aux enfants des familles ayant les moyens de s’offrir les services de professionnels libéraux ? La FSU dénonce ce fonctionnement qui accentuera les inégalités entre les élèves.

L’administration assure que l’AEEH (Allocation d’Education de l’Enfant Handicapé) attribuée par la MPDH pourra être demandée dans le cadre d’un besoin de suivi ergothérapeute pour un matériel pédagogique adapté délivré par le PAS. La FSU craint fortement que ce dispositif n’allonge encore les délais de traitement.

Le PAS pourra également attribuer un matériel pédagogique adapté sur une période déterminée ; est ce que les moyens numériques suivront ? Si oui pourquoi un élève qui obtient un matériel pédagogique adapté via la MDPH peut mettre plusieurs mois voire plusieurs années avant d’obtenir son matériel ?

Le PAS pourra également accompagner les familles auprès de la MPDH mais cela ne fait-il pas partie des missions des ErSEH (Enseignants référent à la Scolarisation des Élèves en situation de Handicap) ? L’administration affirme que les missions des ErSEH ne seront pas modifiés par l’arrivée des PAS.

Comment s’effectuera la régulation des PAS ? en fonction des besoins ou en fonction des moyens ? L’administration assure que la régulation se fera en fonction des besoins des élèves.

Quelle articulation PIAL/PAS ?

En cette rentrée 2025, l’administration réaffirme la coexistence des PIAL et des PAS.

Les PAS installés cette année le sont sur le même périmètre que les PIAL existant.

Le PAS ne gère pas les AESH.

On est passé dans le 62 de 7 PAS fin juin, à 12 PAS début septembre. Est ce que ce nombre est susceptible d’évolution ? voire de généralisation ? L’administration n’est pas en capacité de répondre sur la généralisation ou non des PAS pour la rentrée 2026 mais dit avoir suffisamment de professionnels de santé si tel était le cas. Mais quid des coordonateurs-trices EN ? Combien de postes fermera t-on encore pour permettre aux PAS de se généraliser ?

Quel avenir pour les PAS ?

Un comité de suivi sera mis en place afin d’évaluer l’expérimentation des PAS dans notre académie.

Un bilan sera effectué en fin d’année et des perspectives seront établies en parallèle.

Les syndicats présents ont réclamé qu’un nouveau groupe de travail sur les PAS (notamment sur les perspectives de rentrée 2026), se tienne suffisamment tôt et non en fin d’année scolaire.

La FSU sera attentive à la mise en place des PAS et à toutes les conséquences sur les conditions de travail de collègues mais aussi sur les conséquences directes sur nos élèves.

La FSU souhaite rappeler les revendications qu’elle porte :
– Nous souhaitons la création d’un véritable statut de la Fonction publique d’État, de catégorie B, pour reconnaître le métier d’AESH/APSH.
– L’augmentation réelle et significative des rémunérations de toutes et tous sur toute la carrière, rémunération indiciaire et donc comptant pour leur retraite contrairement aux primes.
– La garantie de pouvoir travailler à temps complet sur la base d’un accompagnement élève à 24 heures sans ajout de nouvelles missions sur le temps périscolaire .
– L’abandon des PIAL, des PAS et de la politique de mutualisation des moyens.
– Des recrutements de personnels à hauteur des besoins.

Mise en place des Pôles d’Appui à la Scolarité (PAS) : on fait le point.

Mise en place des Pôles d’Appui à la Scolarité (PAS) : on fait le point.