La souffrance au travail
Le nombre toujours croissant d’interpellations de notre syndicat à ce sujet a conduit le SNUipp 62 à organiser un stage à Arras afin de permettre aux collègues d’exprimer leur ressenti sur cette question le 13 octobre dernier. Les résultats de l’enquête publiés en Janvier 2012 par le CSS (carrefour santé social), organisme regroupant la MGEN et les syndicats FSU, Sgen et Unsa nous conduisent à interpeller notre administration, ceux-ci ciblant particulièrement la situation de notre région .
Vous trouverez en pièce jointe le courrier adressé à l’administration ainsi que les résultats complets de cette enquête
L’ensemble des IEN du département est destinataire de ce courrier
Lettre au DASEN
Arras, le 16 mars 2012
Monsieur le Directeur Académique des Services de l’Éducation Nationale,
Nous tenons à vous informer des résultats de l’enquête publiés en Janvier 2012 par le CSS (carrefour santé social), organisme regroupant la MGEN et les syndicats FSU, Sgen et Unsa, sur les risques psychosociaux, l’épuisement professionnel et les troubles musculo-squelettiques. Elle a impliqué plus de 5 000 personnels de l’éducation nationale, essentiellement des enseignants, avec un échantillon un peu plus féminin que la moyenne réelle du ministère. Cette étude montre que la situation sanitaire des enseignants et des administratifs de l’éducation nationale pose problème.
Cette enquête confirme le constat que nous faisons jour après jour par le nombre toujours croissant de collègues du Pas de Calais qui nous interpellent pour nous partager leur mal être souvent très profond.
Cet état de fait a conduit le SNUipp-FSU Pas-de-Calais à organiser le 13 octobre 2011 un stage au sujet de la souffrance au travail. Les très nombreux témoignages récoltés ce jour-là sur la souffrance vécue au quotidien sont édifiants, ce que confirme malheureusement l’enquête du CSS qui précise que notre académie est parmi les plus touchée par ce phénomène.
L’étude s’est intéressée en premier lieu aux situations de « jobstrain », tension au travail, une "situation à risques pour la santé où les exigences du travail sont importantes, la demande psychologique forte et où les ressources disponibles dans le travail pour y faire face sont insuffisantes, la latitude décisionnelle faible". Un personnel de l’éducation nationale sur quatre (24%) en souffre, un taux qui est nettement supérieur au taux moyen des salariés français. L’étude montre aussi de fortes différences entre académies : par exemple les taux sont plus élevés en Nord-Pas-de-Calais et dans l’académie d’Orléans Tours. L’épuisement professionnel, ou burnout, est "une réponse à un stress excessif ou continu au travail". Il se manifeste par un épuisement émotionnel ou physique élevé, un sentiment de dépersonnalisation élevé, une réduction de l’accomplissement personnel au travail. Il est plus fort chez les enseignants du primaire.
C’est quand " la latitude décisionnelle est faible" et quand "les ressources disponibles dans le travail" sont également faibles que la tension augmente. Ceci est confirmé par le fait que les enseignants ont maintenant le taux de tension au travail des salariés et se sont extrêmement éloignés des cadres. Or l’évolution de ces dernières années a fortement détérioré la perception du métier. Pas tant du fait des élèves qui ont toujours été difficiles que par la mise en place d’évaluations dont l’utilité n’est pas perçue, par la bureaucratisation accélérée du métier avec des livrets de compétences (LPC) qui sont souvent perçus comme des brimades inutiles, par les pressions plus fortes de la hiérarchie elle-même harcelée. Il y a bien un lien entre la parcellisation des tâches, le sentiment de perte de sens du travail et la situation sanitaire décrite dans l’étude du CSS.
En positif l’étude confirme le mécontentement envers l’institution scolaire. Car c’est aussi une opportunité pour un changement qualitatif du système éducatif. Les parents ne semblent pas satisfaits. Les élèves souffrent également. L’étude du CSS en relevant qu’un professeur sur quatre est "au bout du rouleau" devrait aider à la prise de conscience qu’il faut changer des choses. Les pays où l’école obtient des résultats, nous dit l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) sont ceux où les enseignants ont des responsabilités, une bonne formation continue et initiale et sont reconnus pour leur expertise.
En lien avec les rectorats, la MGEN reconnaît « accompagner » 15 000 personnels de l’Éducation Nationale par an, dont « 6 000 bénéficient d’un tête-à-tête avec un psychologue ».
Cette étude démontre que l’efficacité pédagogique et l’état sanitaire de nos collègues dépendent directement de l’établissement entre les inspecteurs et les enseignants d’un mode de fonctionnement et de relations fondés sur la confiance, la concertation et le respect. Le SNUipp-FSU reste vigilant sur l’évolution de cette situation et dénoncera toutes les pratiques entrant en contradiction avec la volonté d’amélioration de cet état de fait dans l’intérêt du service public d’éducation.
Le SNUipp-FSU Pas-de-Calais souhaite qu’un groupe de travail susceptible de tout mettre en œuvre pour remédier à ce fléau dévastateur pour nos collègues soit organisé.
Nous vous prions de croire, Monsieur le Directeur Académique des Services de l’Éducation Nationale en notre attachement au service public d’éducation.
Les représentants du personnel du SNUipp-FSU