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Par : SNU62

L’inspection en question

L’inspection en question

Les propos exprimés lors de réunions, les réflexions des collègues dans les écoles, les conversations téléphoniques nous montrent de façon constante que l’inspection demeure un sujet qui préoccupe les collègues au premier plan. Elle reste pour la plupart d’entre nous un moment dérangeant, qui infantilise. Ce n’est jamais un acte anodin puisqu’à la clef il y a une sanction : la note, déterminante pour l’avancement dans la carrière. Lorsque l’inspection prend la forme d’un contrôle individualisé basé sur un rapport d’autorité, dans une relation de donneur d’ordre dominant à exécutant soumis, elle devient insupportable pour des pédagogues à qui l’on demande de développer chez les élèves l’esprit critique, responsable, citoyen... Il ne s’agit nullement ici de crier haro sur le principe d’un contrôle en toute indépendance de l’État sur le fonctionnement du système éducatif, institution majeure de la République, mais bien d’une réflexion qui reste ouverte sur des pratiques qui ne semblent plus adaptées à l’école d’aujourd’hui. C’est Napoléon Bonaparte, il y a un siècle et demi qui crée l’Inspection Générale. Rien d’étonnant à ce qu’on y trouve une organisation modelée sur celle de l’armée : une administration centralisée, hiérarchisée où chaque fonction est occupée par une personne ayant le grade qui lui correspond. L’objectif principal de la création du corps des inspecteurs primaires était de symboliser la présence de l’état sur tout le territoire, soulageant ainsi l’Instituteur de l’influence directe du curé et du maire.

L’inspection demeure cependant un principe à maintenir, car si les pressions d’un autre âge ont disparues, avec la décentralisation et la loi de 1989, des éléments nouveaux apparaissent. Plus grande autonomie des écoles, responsabilités des directeurs accrues, désengagement de l’état, place grandissantes des parents d’élèves, tentation de plus en plus forte des collectivités locales à prendre en charge la totalité du financement de l’École... Toutes ces évolutions nuisent au principe de « l’école pour tous » revendiqué par le SNUipp. On voit très bien la nécessité d’un regard de l’état sur son système éducatif effectué par des fonctionnaires, démarqués des influences et des pouvoirs locaux.

 Avant tout " être respecté ! "

Si le principe de l’inspection doit demeurer, si son évolution dans ses modalités est incontournable, ce que demandent les collègues, c’est avant tout d’être respectés. Toute hiérarchie suppose l’existence de décideurs et de subordonnés. Ce qui détermine la qualité d’un rapport hiérarchique, c’est sa légitimité et sa mise en œuvre, cela est d’autant plus crucial que l’inspecteur a un pouvoir d’ingérence dans la vie des enseignants (mutation, promotion). Rapport porteur de conflits, d’angoisses et de frustrations. Si l’inspecteur convint par les arguments, la conduite, on sera plus disposé à l’accompagner dans sa démarche car réfléchie et décidée ensemble. Rapports porteurs d’enthousiasme et de collaboration fructueuse. Lorsque l’on est amené simplement à obéir, on est moins responsable, la qualité est fragilisée, l’esprit d’initiative, l’expérience du plus grand nombre dévalorisée.

 Les « autorités compétentes » ...

Quelqu’un fait autorité lorsque ses recherches, ses capacités d’analyse et de proposition sont reconnues comme enrichissantes. Les gens autoritaires ne s’embarrassent pas des fatigues du travail de conviction. Ils se servent du pouvoir associé à leur fonction pour faire obéir les autres. L’obéissance qu’ils se croient due sert souvent à camoufler de vrai carences personnelles. Ceux qui sont autoritaires ne se contraignent pas toujours aux règles qu’ils prescrivent. Quelqu’un a de l’autorité quand il se sert habilement de ses qualités pour contraindre en douceur les autres à son opinion. En général ceux qui ont de l’autorité sont des grands travailleurs qui connaissent leur sujet et qui restent à l’écoute des autres. Ceux qui font autorité sont reconnus par l’exemple qu’ils donnent. Réciproquement l’individu hausse son niveau personnel lors des confrontations aux autres ou aux groupes constitués. On concevra aisément que la qualité de l’individu dépendra de la qualité des échanges sociaux qui lui permettent de se fabriquer. Évaluer l’individu revient le plus souvent à évaluer le groupe dont il fait partie. Si l’objectif est réellement de promouvoir une école de qualité, l’institution scolaire a donc avantage à respecter les acteurs que sont les enseignants face aux élèves, à solliciter et entendre leurs avis. Or les rapports hiérarchiques induisent souvent des comportements qui handicapent l’ensemble de l’institution. Un supérieur croira volontiers avoir l’accord de ses subordonnés alors qu’il ne devrait que constater leur politesse, leur obéissance, leur indifférence. Ce qui ne peut qu’encourager une attitude dominatrice qui fait avorter les débats producteurs de progrès.