Gel du point d’indice, retour du jour de carence, budget en trompe l’oeil. Décidément, l’école de la confiance après la deuxième rentrée du ministre des neurosciences manque de preuves d’amour. Avec une dotation en postes largement insuffisante pour abaisser les effectifs par classe, la multiplication de recettes et de guides de « prêt-à-enseigner » et des tests évaluatifs « neuro-instrumentalisés », c’est plutôt l’école de la défiance qui s’installe. C’est par la grève et les manifestations que les enseignantes et les enseignants l’exprimeront les 9 octobre et 12 novembre prochain.
Le 12 novembre
Communiqué FSU
Éducation nationale : grève le 12 novembre !
C’est avec consternation et incompréhension que les organisations syndicales FSU, UNSA-Education, SGEN-CFDT ont découvert les annonces budgétaires pour l’année 2019 enterrant de fait la priorité à l’Éducation nationale.
Avec 2 650 postes d’enseignant-es et 400 de personnels administratifs supprimés, c’est une nouvelle dégradation des conditions d’études des élèves et de travail des personnels qui est programmée.
Cela n’est pas compatible avec l’ambition d’un enseignement de qualité et d’une plus grande égalité de réussite, ni d’une bonne administration du système éducatif.
Les organisations FSU, UNSA-Education, SGEN-CFDT dénoncent ces suppressions d’emplois dans un contexte d’augmentation démographique. La « priorité au primaire » ne peut pas se faire par un redéploiement de moyens.
Elles demandent au gouvernement de renoncer à ce projet.
Les organisations FSU, UNSA-Education, SGEN-CFDT appellent les personnels de l’Éducation nationale à une journée de grève le 12 novembre prochain.
Elles appellent toutes les organisations syndicales de l’Éducation nationale à rejoindre cette action.
Les Lilas, 25 septembre 2018.
CONSIGNE SYNDICALE
Le SNUipp-FSU appelle les collègues à ne pas envoyer leur déclaration d’intention de faire grève. Cette obligation imposée par la loi sur le SMA de 2008 est une atteinte au droit de grève.
Les personnels en contrat CUI-CAE (1 heure de grève = retrait d’1 heure de salaire) et AESH de droit public (retrait d’1/30ème de salaire) ne sont pas concerné-es par cette déclaration d’intention de faire grève. Ils-Elles sont également couvert-es par ce préavis de grève. Ils-Elles préviennent simplement l’école le matin même pour dire qu’ils-elles sont grévistes.
Animations pédagogiques : ce sont les IEN et les DASEN qui organisent le service ; si des IEN ont prévu une animation pédagogique le jour de la grève et ont envoyé des ordres de mission, on ne peut pas obliger les collègues à participer à ces animations.
Le 9 octobre, j’étais déjà en grève, parce que...
- Parce que jamais aucun gouvernement n’est allé aussi loin dans ses attaques.
- Parce que si on ne fait rien s’en est fini de la Fonction Publique.
- Parce que la Fonction Publique est la garante de nos fondamentaux de société de liberté et d’égalité.
- Parce que, contrairement à ce qu’on nous martèle, la Fonction Publique n’est pas une charge mais une richesse !
- C’est notre statut qui garantit son intégrité et efficacité. Il a été mis en place pour protéger le fonctionnaire (des pressions politiques notamment) mais aussi l’usager (que nous sommes aussi !)
Budget, mauvaise équation pour l’école
Les mesures budgétaires annoncées pour l’Éducation nationale sont à la mesure du désinvestissement prévu pour l’ensemble de la Fonction publique.
Ne nous y trompons pas. L’affichage d’une pseudo priorité au primaire traduite par l’annonce d’une dotation de 2325 postes dans le premier degré est surtout médiatique. La réalité est tout autre. Cette dotation est bien insuffisante pour couvrir les mesures de dédoublement des CP et CE1 en REP et REP+ ainsi que l’abaissement à trois ans de la scolarité obligatoire. Le SNUipp-FSU a chiffré à 4000 le nombre de postes nécessaires pour terminer le dédoublement auxquels il faut ajouter 1000 postes de plus (selon le ministère) pour assurer la scolarisation devenue obligatoire des trois ans. Trois chiffres qui rendent l’équation défavorable pour les cartes scolaires à venir au mois de janvier prochain. Les grands perdants des fermetures de postes risquent une fois de plus de se trouver dans les départements ruraux ou pour les équipes qui bénéficient encore de l’apport qualitatif du dispositif Plus de maître que de classes. Et pourtant, obsédé par la culture de l’évaluation, le ministre de l’éducation aura sûrement lu avec attention le dernier rapport de l’OCDE « Regard sur l’éducation 2018 » qui montre que notre pays consacre 34 % de moins de ressources à l’éducation que les pays comparables. Une situation qui se traduit tous les jours concrètement par des mauvaises conditions d’enseignement et d’apprentissages des élèves, entassés à plus de 25, dans près de 104 000 classes et à plus de 30 dans 6 700 autres.
Une cuillère de fondamentaux ?
Mais qu’à cela ne tienne, ce gouvernement n’a pas froid aux yeux et la rue de Grenelle a annoncé dans un communiqué qu’il fallait « rompre avec une politique quantitative dont les résultats ne sont pas au rendez-vous ». Une ritournelle facile à laquelle s’ajoute la multiplication de recettes sorties des fonds de tiroir pour remettre l’école dans le droit chemin d’un retour aux fondamentaux, dont on ne sait plus à vrai dire, depuis combien de temps elle y retourne. Ainsi donc, si notre système éducatif reste plus marqué qu’ailleurs par les inégalités sociales de destin scolaire, c’est encore une fois parce qu’on n’y étudierait pas correctement le code grapho-phonémique, tel que vont, sans aucun doute, le laisser penser les tests actuellement imposés aux élèves de CP et CE1.
Autant de raisons d’être à nouveau dans l’action par la grève le 12 novembre à l’appel des fédérations syndicales de l’éducation.