Chaque nouvelle rentrée s’accompagne de son lot de nouveautés. Cette année, des changements liés à la loi pour l’école de la confiance s’ajoutent aux circulaires et autres mesures. Tour d’horizon
Du côté de l’école
Avalanche de recommandations
En plus des guides déjà publiés l’an dernier sur l’enseignement de la lecture et les mathématiques, la circulaire de rentrée s’accompagne de nouvelles « recommandations » et indications fortes de pratiques pédagogiques notamment pour l’école maternelle qui fait l’objet de trois nouveaux guides sur le langage, la découverte des nombres et les langues vivantes étrangères.
L’accent est mis dès la petite section sur l’apprentissage de mots et l’entraînement à la phonologie avec des recommandations pédagogiques particulièrement précises. Cette entrée précoce dans des apprentissages normatifs et évalués constitue une méthode très efficace pour construire de la difficulté scolaire dès le plus jeune âge.
La lecture attentive de ces recommandations expliquant qu’on doit « éviter d’assoir tous les élèves par terre », ou encore en rappelant aux enseignants et aux enseignantes qu’ils et elles doivent « après une lecture engager les élèves à prendre la parole et …montrer de l’attention pour ce qu’ils disent » (sic), pourra également au mieux, prêter à sourire, ou finir de convaincre la profession sur le niveau de confiance qui lui est accordé.
Maternelle : instruction obligatoire et aménagement
Dès cette rentrée la loi a fixé à trois ans l’âge de l’instruction obligatoire. Une mesure qui n’aura que peu d’incidences sur le taux de scolarisation des élèves ni sur leur condition de scolarisation mais qui s’avère par contre un véritable cadeau de financement pour les écoles privées sous contrat.
Une possibilité d’aménagement du temps d’accueil a été consentie pour les petites sections les après-midis. Établit à la demande des familles, elle nécessite la réunion d’une équipe éducative et doit recueillir l’avis de l’IEN. Un système bien lourd pour permettre de répondre à la nécessaire souplesse de scolarisation de ces très jeunes élèves. Par ailleurs, le SNUipp-FSU a demandé que puisse se maintenir les rentrées échelonnées qui ont fait leur preuve.
Évaluations CP et CE1
C’est la deuxième année de mise en œuvre des évaluations nationales au CP et CE1 en début et milieu d’années.
Situés dans la deuxième quinzaine du mois de septembre, ces tests ont particulièrement heurté la profession l’an dernier à la fois dans ses modalités de passation qui mettaient les enseignantes et les enseignants en situation d’exécution, mais également dans le traitement des résultats qui ne permettaient pas une analyse prenant en compte le parcours des élèves. Ils ont essentiellement nourri une communication ministérielle qui cherchait à justifier une série de prescriptions pédagogiques sur l’enseignement de la lecture mettant à mal la nécessaire liberté pédagogique des équipes.
Circulaire école inclusive et Pial
Pour la première année une circulaire école inclusive est parue au BO du 6 juin dernier. Elle introduit un service départemental de l’école inclusive avec mission de ressources pour les AESH et les familles ainsi que la création d’un livret du parcours inclusif pour l’élève. Ces mesures ont été annoncées sans jamais parler des moyens mis en œuvre pour les réaliser, ni du temps nécessaire d’appropriation pour les équipes. Par ailleurs la circulaire annonce le déploiement des Pôles inclusifs d’accompagnements localisés (PIAL), dispositif qui vise essentiellement à gérer les moyens et les temps d’accompagnement des élèves en situation de handicap en les mutualisant et en renvoyant localement dans les bassins de collège les problèmes de manque de personnels pour assurer ces missions indispensables
Dédoublement GS en REP et REP+ et pas plus de 24 au cycle 2
Des mesures qui peuvent s’appliquer dès cette rentrée mais qui ne seront déployées qu’à partir de la rentrée 2020 et ce sur trois années. La réduction des effectifs ne peut être qu’approuvée mais nécessite la création des postes nécessaires si l’on ne veut pas pénaliser les effectifs des autres classes. 104 000 classes compteront encore 25 élèves et plus à la rentrée.
Drapeaux et Marseillaise
Dans chaque classe devront figurer des affiches des drapeaux français et européens, la devise de la République et les paroles de l’hymne national. Les cartes de France devront également inclure les territoires d’outremer. Ces nouvelles modalités sont loin de répondre aux enjeux d’éducation morale et civique et d’éducation à la citoyenneté. C’est l’expérimentation de la citoyenneté au quotidien qui permet avant tout de s’approprier les valeurs républicaines.
Nouvelle visite médicale obligatoire
Les élèves au cours de leur troisième ou quatrième année bénéficieront d’une visite médicale réalisée par les personnels du service départemental de protection maternelle et infantile ou par les professionnels de santé de l’éducation nationale.La mesure n’entrera toutefois en vigueur qu’à la rentrée 2020.
Conseil d’école : Élection des parents d’élèves
« Sur décision du directeur d’école, après consultation du conseil d’école », les élections des représentants des parents d’élèves pourront se faire uniquement par correspondance. En l’absence de candidature, le directeur ou la directrice d’école pourra procéder au tirage au sort des représentants de parents d’élèves à la place de l’IEN.
Intervenants extérieurs
Une simplification des démarches est mise en place. C’est désormais le directeur ou la directrice d’école, sans avoir à passer par l’IEN, qui autorise les personnes justifiant d’une compétence professionnelle dans les domaines de la création ou de l’expression artistique, de l’histoire de l’art ou de la conservation du patrimoine à intervenir dans l’école.
Formation
Les Espé deviennent les Instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation (Inspé). Ce changement de nom s’accompagne d’une refonte de la formation initiale avec la mise en place d’assistantes et assistants d’éducation qui se verront « confier progressivement des fonctions de soutien d’accompagnement, d’éducation et d’enseignement » dans 10 académies (Amiens, Créteil, Guyane, Lille, Limoges, Lyons, Reims, Rouen, Strasbourg et Versailles).
Cités éducatives
L’objectif est de mettre en place sur certains territoires de l’éducation prioritaire « de grands projets éducatifs s’adressant à tous les niveaux de la maternelle à la terminale pour lutter contre le décrochage scolaire. Fédérer autour de ces projets les institutions, les acteurs culturels et sportifs et les familles ». 80 territoires sont éligibles à ce dispositif. Dans le courant du premier semestre, les équipes des écoles seront sollicitées pour mettre en œuvre ces projets.
Du côté des personnels
Une revalo en trompe-l’œil
C’est le deuxième volet de la déclinaison « Education nationale » du protocole d’accord PPCR* signé par le précédent gouvernement avec les organisations syndicales. Au 1er janvier 2020, les grilles indiciaires des enseignantes et des enseignants des écoles seront à nouveau revalorisées, de deux à onze points d’indice en fonction de l’échelon et du grade détenus à ce moment. Une revalorisation qui est toutefois à nuancer car la valeur du point d’indice est à nouveau gelée et le taux de la cotisation retraite passera, lui aussi au 1er janvier, de 10,83% à 11,20%. Pas de quoi pavoiser donc pour la rue de Grenelle.
- Pour mémoire, la mise en œuvre de l’accord avait été suspendue pour un an à l’arrivée du nouveau gouvernement pour des raisons d’économies budgétaires.
2ème tranche de la prime REP+
Après un premier versement de 1 000 euros en 2018-2019, les personnels enseignants et les psychologues du 1er degré affectés en REP+ percevront une prime de 2 000 euros annuels à partir de la rentrée 2019. C’est la deuxième tranche des 3 000 euros promis par Emmanuel Macron, alors candidat à l’élection présidentielle. L’indemnité passe donc cette année à 331 euros net mensuel.
Reste à connaitre la manière dont sera attribuée la dernière part de cette prime, à la rentrée 2020, le ministère envisageant de l’attribuer « au mérite », ce à quoi le SNUipp-FSU est fermement opposé. Pour le syndicat, c’est 3 000 euros pour toutes et tous, y compris les AESH et les AED.
AESH : un léger mieux
Les contrats de travail des accompagnantes et accompagnants d’élèves en situation de handicap se feront désormais sous la forme de CDD de trois ans au lieu d’un an auparavant, une disposition qui permettra de stabiliser ces personnels sur leurs missions. Leur temps de travail sera aussi réparti sur 41 semaines au lieu de 39 actuellement, ce qui permet de reconnaitre davantage leur travail « invisible » de préparation, de réunions et de formation.
Des postes d’AESH-référent seront également créés pour fournir à leurs collègues conseils et expertise, sans qu’on sache aujourd’hui quels contours précis prendra ce dispositif. Quoi qu’il en soit, on est encore loin d’une véritable reconnaissance professionnelle pour ces personnels aujourd’hui indispensable à la vie des écoles.
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