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Par : SNU62
Publié : 27 mai 2020

Recommandations pédagogiques du Ministère : le SNUipp-FSU appelle à la prudence !

27 mai 2020




Le document suivant rédigé par le Conseil Scientifique de l’Education Nationale début mai 2020, porte des recommandations pour le confinement (en cas de retour) et pour l’accompagnement de la sortie. Différents thèmes sont traités de façon très inégales : aider les élèves à prévenir et comprendre l’épidémie, assurer les fondamentaux comme la nutrition, le sommeil, la bienveillance et l’activité physique et d’autres, sur les pratiques pédagogiques favorisant l’autonomie et l’appui sur des ressources numériques dévoilent un projet que l’on retrouve dans la dernière partie : préparer le jour d’après.

Document à télécharger ICI

Le SNUipp-FSU, à la lecture des éléments rapportés dans ces quelques pages, alerte sur la volonté du CSEN de se faire la voix de la politique éducative d’individualisation portée par le ministre et de développer les outils numériques qui peuvent devenir un complément de la classe. Décryptage

 Aider les élèves à comprendre et prévenir l’épidémie

Le CSEN recommande de consacrer du temps au sujet de l’épidémie.

Commentaire SNUipp-FSU : le principe ne fait pas débat. Sur la façon, il y a matière à réflexion. Cette épidémie conjugue un ressentie individuel avec un vécu collectif. C’est la dimension collective qui peut aider à mettre à distance le ressenti individuel. Le terme de « sérénité » est sûrement trop connoté et pas adapté. Justesse serait plus à propos

Et les programmes ? « La nature exceptionnelle de la situation justifie peut-être de prendre plus de libertés dans leur interprétation, sans renoncer à fournir à l’élève des bases solides de connaissances et de compétences utiles à tout moment de la vie. »

Commentaire SNUipp-FSU : ici c’est le « peut-être » qui surprend. Il est clair que le mantra « les programmes, rien que les programmes, tout le programme » va se heurter aux effets scolaires et psychologique de l’arrêt de l’école le 16 mars. L’organisation scolaire, l’alternance du présentiel et du distanciel tout cela va rendre non opératoire une référence « classique » aux programmes à la fois dans la mise en œuvre et dans la temporalité prévue pour les acquisitions. Ici les cycles sont précieux parce qu’ils permettent adaptation, souplesse et respect de l’enfant.

 Privilégier les pratiques pédagogiques qui favorisent l’apprentissage en autonomie

Aider l’élève à s’engager dans l’apprentissage

  • Piquer la curiosité
  • Maximiser la motivation
  • Annoncer le but
  • Favoriser l’implication active

Commentaire SNUipp FSU : quelques rappels qui apportent peu et sont valables en général, indépendamment du contexte de l’école sous la pandémie.

Aider l’élève à s’engager dans l’apprentissage

  • Structurer le cours.
  • Séparer les tâches
  • Fournir modèles et aides.
  • Maximiser l’attention, la concentration et la participation active.
  • Engager tous les élèves.
  • Minimiser les sources de distractions.
  • Soigner l’environnement de travail.

Aider l’élève à structurer ses connaissances et à les consolider

  • Expliciter et demander d’expliciter
  • S’évaluer régulièrement pour faciliter la mémorisation. (Le QCM revient très souvent, or un QCM privilégie les réponses binaires. S’i peut avoir un intérêt de mobilisation des connaissances mémorisées et déclaratives, il ne permet pas de vérifier la compréhension sans parler des réponses « hasardeuses »)
  • Fournir un retour sur erreur (feedback) approprié (Ici, plus la méthode est reliée à l’outil électronique réputé favorable à un feedback immédiat. Il est également liée à l’évaluation sans qu’on sache exactement de quel type d’évaluation on parle)
  • Ne pas avoir peur de la répétition. (Si la pédagogie, peut-être l’art de se répéter, une interprétation littérale aboutie aux méthodologies maltraitantes d’ »Agir pour l’école »)
  • Multiplier les exemples

Fournir des outils qui favorisent l’autonomie

  • Créer des banques de problèmes
  • Apprendre à s’autoévaluer et à réviser de façon active.

Le CSEN se propose de fournir aux élèves des outils de référence pour mesurer, par eux- même, leur vitesse et leur précision dans des compétences fondamentales de langage et de calcul. Battre son record devient alors, pour l’élève, un objectif ludique et motivant. Ces mesures pourraient inclure :

  • Le temps de lecture des mots (nombre de mots lus à haute voix en une minute) (on retrouve les obsessions Blanquer/Dehaene)
  • Le vocabulaire (vitesse et précision pour décider si un mot appartient ou non à la langue française)
  • La détection des fautes d’orthographe
  • Le calcul des tables de multiplication (pure mémorisation)

Commentaire SNUipp-FSU : il s’agit de nombreuses affirmations générales qui ne sont pas propres aux situations concrètes et inédites.

Le mot évaluation n’est jamais utilisé avec le sens précis qu’il peut avoir en contexte scolaire (diagnostique, formative ou sommative). La récurrence du QCM dans le propos général renvoie à une conception quantitative des savoirs et des connaissances.

La référence au numérique est sur représentée et par là éloigne le propos des pratiques réelles de la classe.

Les contenus scolaires évoqués renvoie à une école de la mémorisation, pas une école de la compréhension et du développement de l’esprit critique.

A-t-on besoin d’un Conseil Scientifique de l’Education Nationale pour cela ? De nombreuses assertions relèvent d’une connaissance basique en pédagogie. Il y a un côté infantilisant pour être gentil, voire insultant pour les enseignant-es.

 Assurer les fondamentaux (nutrition, sommeil, activité physique, bienveillance)

On pourrait résumer les préconisations du CSEN à bien manger, bien dormir, bouger, et ne pas ajouter de stress au famille en donnant des mauvaises notes sur le travail ou en surchargeant les élèves de travail. Les enseignant.es n’ont pas attendu cette réflexion élémentaire pour se préoccuper du bien-être de leurs élèves et de leurs familles

 Rechercher l’appui des ressources numériques

La période du confinement a obligé les équipes et les familles à se tourner vers les ressources numérique. Il se réjouit de la mobilisation générale pour l’éducation et souhaite vivement le prolongement au-delà de la période de confinement. Il préconise à l’avenir un site unique et gratuit permettent aux familles de s’y retrouver dans un ensemble. Même si le CSEN rappelle que rien ne remplacera les interactions humaines, il rappelle que la crainte des écrans reposerait sur une confusion. L’outil en lui-même ne serait pas problématique mais cela dépendrait de sa durée d’utilisation et des contenus. Il présente l’intérêt potentiel de ces outils en complément de la classe :

  • Compléter à la maison l’enseignement donné en classe
  • Apprendre en autonomie
  • S’adapter automatiquement aux besoins et aux rythmes de chaque enfant
  • Maximiser l’attention, la motivation et la curiosité
  • Proposer une pédagogie réfléchie et systématique
  • Proposer une approche ludique des apprentissages qui dédramatise les erreurs
  • Assurer un retour rapide et systématique sur les erreurs
  • Engager 100% des élèves
  • Favoriser l’automatisation des apprentissages en y revenant tous les jours
  • Maintenir le lien social à distance et permettre l’apprentissage à plusieurs

Le CSEN précise que seule l’expérimentation contrôlée permet de vérifier qu’un outil pédagogique fonctionne. Il souhaite qu’une recherche soit effectuée dans les années à venir et il publiera prochainement des recommandations sur les types de recherche translationnelle qui ont leur place dans l’éducation, les différents niveaux de preuves qu’ils apportent et leurs enjeux éthiques et pratiques. Mais dans l’urgence actuelle, il a créé une page de recommandations de ressources numériques qui ont u moins en partie fait leurs preuves et qui seront très prochainement en ligne sur le site du CSEN.

Commentaires SNUipp-FSU : le confinement a obligé les équipes à s’emparer des outils numériques. Elles ont du par leurs propres moyens rechercher, analyser une multitude de ressources et à faire des choix seules, puisque l’éducation nationale ne proposait que peu d’aide, mise à part la classe virtuelle par le cned. En vue d’un futur confinement, un site qui répertorie ces différentes ressources peut être sans aucun doute un appui pour les enseignant.es. Mais ces ressources ne peuvent pas être généraliser pour l’école hors confinement. Au vu des propos du CSEN, on peut extrapoler et s’inquiéter sur le cadre car rien n’est précisé : utilisation en cas d’enseignant.e absent ?

 Préparer le jour d’après

Le CSEN voit le jour d’après à l’aune d’évaluations, et de réorganisation du numérique pédagogique. Il se fait la voix de JM Blanquer, qui ne parle que d’individualisation. Il demande une évaluation rigoureuse pour évaluer les conséquencespositives ou négatives des changements introduits afin de préparer le jour d’après. Mais de quel jour d’après parlons-nous ? De la rentrée de septembre ? Ou d’une nouvelle école qui pointe son nez ?

  • Mesure les conséquences scolaires du confinement : par une enquête « rigoureuse », qualitative et quantitative (questionnaire adressé aux familles, aux enseignant.es et aux élèves les plus grands) afin de rechercher des pistes d’amélioration. Cette enquête porterait sur :
    • Le temps quotidien d’apprentissage
    • Les capacités de connexion des familles et le % d’élèves déconnectés
    • Le % de chaque niveau qui ont continué à bénéficier d’un lien direct avec l’enseignant.e (il semblait que les recteurs avaient déjà les chiffres. Ont-ils été donné de façon aléatoire ?)
    • La forme de ce lien
    • Le taux d’utilisation quotidienne des outils tel que Lumni, France 4….
    • Le degré de satisfaction, les difficultés, les bugs rencontré.es…
    • Les perturbations du sommeil, de l’alimentation, de l’activité physique…

Le CSEN demande à la DEPP d’approfondir les évaluation des évaluations de septembre pour les élèves de CP, CE1, 6è et secondes afin de mesurer les conséquences du confinement sur la scolarité, et l’efficacité des outils et des efforts déployés.

  • Réorganiser le numérique pédagogique : le CSEN parle d’un « bouillonnement de créativité numérique ». mais a relevé le manque d’équipement numérique et de coordination interacadémique. Il souhaite que les Assises du numériques, devant se dérouler en novembre 2020 travaille sur les points suivants.

Pour les cadres et responsables du numérique à l’éducation nationale :

    • Comment assurer dans chaque école, y compris maternelle, la présence et la maintenance d’équipements (tablettes) en nombre suffisant pour que touts les enfants à besoins (dyslexiques, dyscalculiques, dyspraxiques) puissent bénéficier de logiciels adaptés.
    • Comment mieux coordonner les achats, les collectivités locales n’ayant pas forcément toutes les mêmes ressources)
    • Comment assurer le déploiement rapide d’un logiciel qui a fait ses preuves, à l’ensemble des académies
    • Comment assurer la veille scientifique et la formation continue de ses outils
    • Comment privilégier les outils de basse technologies tel que le téléphone portable, plus disponible dans les familles que l’ordinateur ou la tablette

Pour les familles :

    • Comment préserver au-delà de la période de confinement le lien direct qui s’est établi entre enseignant-es et familles. Impliquer les familles et prolongement de l’éducation scolaire par des activités à la maison = facteurs de réussite scolaire.
    • Comment mettre à disposition un canal numérique et gratuit, ouvert à toutes les ressources éducatives

Pour la société :

    • Comment préserver la mobilisation de toute la société pour son école, avec tous les mêmes acteurs qui se sont mobilisés pendant le confinement : musées, éditeurs de livres et de jeux, télés, radios…Evaluer ces créations et les mettre à disposition de tous.
    • Comment tirer toutes les leçons de l’accueil préservé des enfants de soignant.es.

Commentaires SNUipp-FSU : ces réflexions sur les outils numériques en vue d’une nouvelle situation de confinement peuvent faciliter le travail des enseignan.tes et des familles. Mais leur utilisation pour compléter le travail fait en classe ne peut se concevoir. L’enseignement doit rester la possession des enseignant.es. Nous sommes loin du service public d’éducation qui donne le même accès à toute et tous. Qui s’emparera de ces outils ? Celles et ceux qui ont la volonté de faire bachoter leur enfant à domicile et non les familles les plus démunies en informations, matériel. Quant à la réflexion sur l’accueil des enfants de soignants, on voit percer une volonté d’accueillir bien au-delà du SMA que nous contestons déjà.

Pour le SNUipp-FSU, ces préconisations sont à prendre avec la plus grande prudence, car le CSEN utilise la période très particulière du confinent et le développement de pratiques pédagogiques exceptionnelles pour les généraliser dans le futur.