Des problèmes dans l’application du protocole sanitaire en baisse mais toujours présents, des difficultés à faire revenir les élèves les plus fragiles, une relation pédagogique compliquée : les premiers résultats de l’enquête du SNUipp-FSU sur la réouverture des écoles brossent un tableau contrasté de la reprise.
Un peu plus de 4 000 enseignantes et enseignants des écoles ont répondu au deuxième volet de l’enquête lancée par le SNUipp-FSU sur les conditions concrètes du retour en classe. D’après leurs réponses, un quart des élèves seraient aujourd’hui accueillis, avec de fortes différences entre les écoles rurales (31,87% des élèves revenus) et les écoles des quartiers populaires qui n’ont vu revenir que 16,48% d’enfants.
Par ailleurs, les raisons sociales avancées par le gouvernement pour accélérer le retour des élèves « en fragilité ou en difficultés » semblent se heurter à une grande frilosité des familles. Les personnels enseignants indiquent que 81% des élèves de leurs propres classes se trouvant dans cette situation ne sont pas revenus, un taux qui grimpe à 86% dans les quartiers populaires.
Les aspects sanitaires
Le virus circule toujours, avec des suspicions d’infection constatées dans 16% des écoles. Les difficultés recensées quant à l’application du protocole sanitaire sont en baisse par rapport à la première enquête et sont désormais signalées dans moins de 6% des écoles ; un peu plus en milieu urbain (8%) qu’en milieu rural (4%). La désinfection des locaux est jugée insuffisante dans 14% des établissements et des difficultés d’approvisionnement en masques sont signalées dans 10% des écoles. Enfin, si dans six écoles sur 10 la distribution des masques est prévue régulièrement, les modalités d’approvisionnement demeurent inconnues des personnels dans les autres.
Une école de l’entre-deux
Moins de 8% des PE n’ont pas repris le chemin des classes, soit parce que considérés comme personnels à risque, soit pour pouvoir assurer la garde de leurs propres enfants. Pour les autres, un quart d’entre eux consacrent l’intégralité de leur activité à l’accueil des élèves en présentiel, tandis que 67% partagent ce temps avec la poursuite d’un suivi à distance pour les élèves restés chez eux.
Dans cette école « intermédiaire », ou de l’entre-deux, la relation pédagogique ordinaire est bousculée. 30% des répondants à l’enquête la jugent insatisfaisante et 24% ont le sentiment de « faire de la garderie plutôt que la classe ». 35% considèrent que le respect de la distanciation entre enfants est impossible et au final, 51% pensent que l’organisation actuelle n’est pas tenable jusqu’à la fin de l’année scolaire.
Il va donc s’agir de trouver des aménagements à cette école intermédiaire, en respectant les indispensables précautions sanitaires et en laissant une entière liberté aux équipes pour les mettre en œuvre.
Et dans votre école, votre classe, comment ça se passe ?
Pour compléter cette photographie des écoles en cours de déconfinement et continuer à intervenir à tous les niveaux, de l’inspection de circonscription au ministère, le SNUipp-FSU propose un second volet d’enquête qui permettra de saisir plus finement les manques dans l’application du protocole sanitaire, notamment la fourniture de masques en nombre suffisant, les pressions de la hiérarchie pour « faire du chiffre » sur le nombre d’élèves accueillis et la réalité de l’organisation pédagogique retenue.