À la veille d’un « Grenelle », dont l’enveloppe n’est pas à la hauteur du vocable utilisé, et alors que « l’observatoire des rémunérations », lancé par le Ministre, fête ses deux ans, le SNUipp-FSU fait le point sur la réalité des salaires enseignants.
Bilan social, notes de la DEPP, rapports de l’OCDE… les documents s’accumulent et dressent tous un état des lieux alarmant des salaires enseignants en France. Le pouvoir d’achat des enseignantes et enseignants de l’Hexagone est en baisse, ce qui les fait dégringoler sur l’échelle sociale. Alors que le Ministre communique sur le « Grenelle » à venir, le SNUipp-FSU rappelle quelques chiffres et comparaisons qui ne sont surement pas inconnus de « l’observatoire des rémunérations » annoncé par le ministre si tant est qu’il n’ait jamais existé, mais qui doivent maintenant aboutir à des décisions concrètes.
Les PE français en comparaison de leurs homologues des pays de l’OCDE
Malgré un nombre d’heures de classe supérieur et des effectifs plus importants, les enseignantes et enseignants français touchent en moyenne 37 % de salaire en moins que la moyenne des onze pays comparables au bout de 15 ans d’exercice et 23% de moins que la moyenne des pays de l’OCDE.
Rémunérations inférieures aux autres cadres de la fonction publique
Pourtant classés en catégorie A, les enseignantes et les enseignants perçoivent des rémunérations très inférieures à celles des autres cadres de la Fonction publique. En raison d’indemnités qui constituent plus de 30% de leur rémunération, certain·es agent·es classé·es en catégorie B ont une rémunération moyenne supérieure à celle des PE.
En comparaison les primes et indemnités des enseignantes et des enseignants du 1er degré constituent 7% de leur traitement. Ainsi un brigadier de la police nationale, fonctionnaire de catégorie B, gagne en moyenne 2 777 euros quand la moyenne des PE se situe à 2 404 euros.
Écarts avec le second degré
Depuis 1990, les PE sont recruté·es au même niveau que celui des professeur·es certifié·es. Ce même niveau de recrutement affichait l’ambition d’une égale reconnaissance du métier enseignant.
Mais la différence de rémunération existe toujours : elle s’explique par un régime indemnitaire plus important dans le second degré, par l’ajout d’heures supplémentaires (quasi-inexistantes dans le 1er degré) et par un accès à la hors classe qui est resté longtemps nettement plus favorable.
Et par rapport au SMIC ?
Alors que le métier de professeur des écoles n’est accessible qu’à partir de bac+5, un·e enseignant·e débutant·e ne touchera en premier salaire que 1,21 fois le SMIC (soit 1 480 euros net). Il ou elle devra attendre 6 années de carrière pour toucher 1,5 fois le SMIC, et environ 20 années de carrière pour toucher 2 fois le SMIC.
Et pour les femmes ?
Alors que l’égalité salariale est garantie par le statut de la Fonction publique, on constate des écarts significatifs entre les femmes et les hommes. Dans le premier degré, le salaire net des hommes est ainsi supérieur de 11% à celui des femmes.
Et c’est bien le déroulement de carrière (rythme de passage au sein de la classe normale, accès à la hors-classe et à la classe exceptionnelle) qui est déterminant. L’écart salarial s’accroît ainsi de quinze jours de salaire en début de carrière jusqu’à plus d’un mois et demi de salaire en fin de carrière.
Et pour les AESH ?
Grand·es oublié·es des annonces, les AESH sont pourtant plus de 100.000 dans les écoles ce qui représente un tiers des effectifs enseignants. Les AESH peuvent prétendre à un CDI, au bout de 6 ans de CDD, mais à ce jour il n’existe aucun statut de fonctionnaire pour ces fonctions pourtant indispensables dans cette école dite inclusive. Leur grille salariale compte 8 échelons et le salaire maximum est de 1 390 euros net au 8ème. Actuellement, plus de 96 % des AESH sont en temps incomplet, souvent de 24h (61 % d’un temps complet) se traduisant par des salaires nets mensuels compris entre 750 et 850 euros.
La revalorisation des enseignantes et enseignants du 1er degré et des AESH doit maintenant se concrétiser !
Le SNUipp-FSU réclame une revalorisation qui soit déconnectée du dossier des retraites, en agissant sur la grille des salaires avec un accès pour toutes et tous aux indices terminaux du corps des PE et une réelle égalité entre les femmes et les hommes. Il s’oppose à toute contrepartie ou prime au mérite et réclame le maintien du pouvoir d’achat en augmentant fortement la valeur du point d’indice. Une première étape d’un vrai « Grenelle », ce serait 300 € par mois dès maintenant et une réelle égalité entre les femmes et les hommes.
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