Mise en place en 1981 pour combattre les inégalités scolaires dans les territoires où des difficultés scolaires liées au contexte social et économique des familles étaient avérées, la politique nationale de [rouge]l’Education Prioritaire est aujourd’hui menacée par l’expérimentation des Contrats Locaux d’Accompagnement (CLA)[/rouge] dans 3 académies, sans cadrage national, dont la nôtre. En effet, la secrétaire d’Etat en charge de l’Education explique qu’elle souhaite « sortir de cette logique de zonage pour donner des moyens aux établissements en fonction de leur projet ». Avec ces propos, le doute n’est plus permis : le gouvernement envisage clairement la fin d’une labellisation effectuée à la lecture d’indicateurs nationaux objectifs, au profit d’une allocation locale de moyens, contractualisée en théorie en fonction du projet des écoles et des établissements scolaires.

Alors que l’actuelle carte de l’Éducation prioritaire se base sur quatre critères nationaux (les catégories socioprofessionnelles des parents, le taux de chômage des actifs entre seize et soixante ans, le pourcentage des plus de quinze ans non scolarisés et sans diplôme et le revenu fiscal médian), les recteurs et rectrices peuvent désormais piocher dans une liste d’une vingtaine d’indicateurs, opposant des réalités géographiques (urbain / rural) au détriment des réalités sociales.

[vert]Pour la FSU et le SNUipp, il est inacceptable que pour compenser les inégalités, le gouvernement décide de passer d’une obligation de moyens alloués par l’État à une obligation de contractualisation et de résultats à atteindre par les personnels pour obtenir ces moyens ![/vert]

Et que dire du calendrier ?

Les écoles sélectionnées pour l’expérimentation à la rentrée 2021 n’ont que quelques semaines pour s’informer et rédiger leur contrat. L’évaluation de cette expérimentation aura lieu au printemps 2022, pour que la généralisation des CLA puissent s’effectuer pour la rentrée 2022. Dans le contexte actuel de pandémie, d’épuisement dans les écoles et de difficultés pour les équipes à travailler collectivement sur autre chose que l’immédiateté, la mise en place des CLA arrive en trop. [rouge]Peut-être que cette précipitation a pour but de limiter le temps de réflexion des personnels et les inciter à foncer tête baisser dans les CLA ![/rouge]

Et quel moment étrange pour réformer l’Education Prioritaire, alors que la Cour des comptes note dans son rapport que l’EP « est parvenue à contenir les écarts de résultats scolaires dans un environnement économique et social qui s’est largement dégradé ». Les CLA sonnent la fin d’une ambition éducative nationale : celle de former de futur-es citoyen-nes, où qu’ils soient, autonomes face à la compréhension du monde et dans leurs choix.

Par ailleurs, la logique de modification du fonctionnement du système éducatif va plus loin avec les cités éducatives, puisque l’Education Nationale n’est plus qu’un copilote et que les collectivités territoriales et associations tiennent de plus en plus de place dans le dispositif, diluant ainsi le rôle de l’Ecole. Si les REP+ semblent épargnés par la délabellisation annoncée, ils ont vocation à se confondre avec les cités éducatives.

Ces mesures, qui semblent en apparence étendre l’éducation prioritaire, introduisent en réalité la mise en concurrence de toutes les écoles entre elles et des tensions au sein des équipes. Le fait d’inscrire des objectifs spécifiques à atteindre induira des processus renforcés d’évaluation et risque fortement d’influer sur les pratiques enseignantes, mettant la liberté pédagogique de chacun-e au rebus. Cette mise en concurrence pourra être facilitée par la pénurie de moyens à disposition et l’espoir d’en obtenir plus via un CLA.

Ce que porte le SNUipp-FSU

Maximum 20 élèves / classe (15 en PS-TPS, 12 en SEGPA)
Maintien d’une politique nationale, refus de la contractualisation
Label unique, pas de labellisation exclusivement par le collège
Développement du travail en équipe, réduction du temps devant élèves
Refus qu’une part de l’indemnité EP soit fonction des résultats
Dénonciation des Cités Éducatives et de la mise à mal de l’équité territoriale
Généralisation du « Plus de maîtres-ses que de classes »
Garantie de la liberté pédagogique

Adieu les REP ?

Adieu les REP ?