Derrière la querelle des rythmes, le temps de travail des instits...
France Info
17 Février 2014
La question des rythmes scolaires va-t-elle s’inviter dans la dernière ligne droite de la campagne des municipales ? C’est possible : plusieurs étincelles en témoignent...
Jusqu’à présent le gouvernement a réussi à tenir à distance ce débat, dont on annonçait fin 2013 qu’il serait névralgique, notamment lorsque Jean-François Copé, le patron de l’UMP, avait appelé au boycott de la réforme.
Il vient d’ailleurs de remettre la pression en demandant sa suspension en cas de défaite de la gauche aux municipales . On se souvient aussi des polémiques de la rentrée dernière ; or elles ne concernaient que 17% des communes et 1,3 millions d’enfants, qui ont appliqué la réforme dès 2013. Le plus dur reste donc à faire puisqu’il faut traiter le cas de 83% des communes et 5,8 millions d’enfants. Et rien ne dit que les digues érigées par le gouvernement vont tenir encore cinq semaines.
Première digue : ce rapport du comité de suivi de la réforme.
Oui. Réalisé sous la houlette de Françoise Moulin-Civil, la rectrice de l’académie de Lyon, il évoque " la satisfaction et le large accord sur l’intérêt de la réforme " dans les communes qui l’ont appliquée, et le climat "constructif" qui aurait prévalu à cette occasion. On est là dans la droite ligne de ce que l’Education nationale expliquait en janvier : selon le ministère, 88 % des 20.000 communes concernées ont finalisé leurs emplois du temps. L’affaire " est réglée ou en voie de règlement ", affirme-t-il, excepté dans 5 à 6 % des communes où " il y a encore des difficultés " notamment liées au transport.
Certains parents d’élèves vont dans le même sens.
Oui, comme ceux de la FCPE, proche du parti socialiste. " On est passé à la phase de construction et de préparation de la rentrée 2014, qui, je pense, se prépare avec une certaine sérénité " a ainsi affirmé Paul Raoult, le président de la fédération de parents. Toujours côté FCPE mais cette fois en Seine et Marne, on estime que les balbutiements initiaux ont été résolus. La fatigue des enfants ne serait pas pire dans les écoles qui sont passées à quatre jours et demi que dans les autres ; le mercredi matin serait devenu en temps d’apprentissage " très productif " - je cite ici un article du Café Pédagogique, qui poursuit en indiquant que " l’implication spontanée du tissu associatif, motivée par un gain de rémunération et de visibilité, a apporté un soutien précieux " à la mise en œuvre de la réforme.
Bilan radicalement opposé du côté du syndicat enseignant majoritaire dans le primaire...
C’est le moins qu’on puisse dire. Selon le SNUipp FSU, qui a réalisé une enquête auprès de milliers d’enseignants, la réforme est catastrophique. Les trois quarts d’entre eux jugent que leurs conditions de travail se sont dégradées, les deux tiers dénoncent une absence de réflexion spécifique concernant le cas des écoles maternelles, la moitié dit ne pas avoir été interrogée à propos de l’articulation entre temps scolaire et périscolaire. A l’arrivée, ils sont à peine un sur cinq à défendre la réforme et à estimer qu’elle a permis d’améliorer les apprentissages. Commentaire du syndicat : "Même s’il y a des réussites, un sentiment de gâchis prédomine".
Il nourrit évidemment les craintes de ceux qui s’apprêtent à franchir le pas des quatre jours et demi...
Oui. D’où ces débuts de mobilisation, comme à Strasbourg voici deux semaines, où une centaine de professeurs ont manifesté devant la mairie. Au premier rang des revendications, on retrouve la demande de plus de concertation. " Nous enseignants n’avons pas été entendus " affirme le SNUIpp local. Il faut dire que ces derniers réclamaient que le samedi matin soit travaillé, alors que la préférence des parents va au mercredi...
Au final, l’essentiel de la contestation vient des enseignants en général et de leur syndicat majoritaire en particulier.
Oui, et c’est d’ailleurs peut-être la raison pour laquelle cette contestation ne s’impose pas dans le débat politique des Municipales. D’autant qu’il faut la relier à d’autres revendications, autour des conditions de travail. Le SNUIpp FSU réclame ainsi une diminution du temps d’enseignement. Il est actuellement de 24 heures hebdomadaires dans le primaire, le syndicat voudrait qu’il passe à terme à 18 heures, + 3 heures dédiées au travail en équipe ou aux projets. En d’autres termes un alignement sur les professeurs du secondaire. "C’est une question de considération" explique Sébastien Sihr, le secrétaire général du syndicat. On a déjà parlé de ce sentiment de manque de reconnaissance des enseignants de primaire ; il avait notamment porté l’éphémère révolte des "dindons". Il se cristallise aujourd’hui sur la question des rythmes scolaires. Mais quand bien même celle-ci ne se poserait pas, il ne fait aucun doute qu’elle s’exprimerait sur d’autres terrains.