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Par : SNU62
Publié : 24 juin 2021

Grenelle : où en est on ?

mis à jour le 24 juin 2021



Alors que l’agenda social Grenelle a commencé ses travaux, le SNUipp-FSU fait un premier bilan point d’étape des trois groupes de travail qui ont été constitués. Entre déceptions, craintes et questionnements...

 Groupe de travail 1
Personnalisation : Le compte n’y est toujours pas

Malgré une enveloppe annoncée de 400 millions d’euros, Le Ministère a présenté 3 scénarios possibles d’augmentation des enseignantes et enseignant pour un montant de seulement 245 millions d’euros. Le ministère ne prévoit pas d’augmenter la prime d’équipement informatique, le reste de l’enveloppe devrait concerner les personnels administratifs, de santé ou sociaux.

La revalorisation des enseignant.es (titulaires comme contractuel·les) ne se fera que via la seule prime d’attractivité et, selon le scénario retenu, ne touchera que les personnels des échelons 2 à 8 au mieux. Si le ratio « pro/pro » d’accès à la hors classe est déjà passé à 18% en 2021 augmentant ainsi les possibilités de dérouler une carrière sur deux grades, les changements envisagés pour l’accès à la classe exceptionnelle ne permettront ni d’augmenter le nombre de promotion ni d’élargir l’accès à toutes et tous.

Salaire Net Mensuel Avec prime d’activité 2019-2020 Avec prime d’activité 2020-2021
Scénario 1
Avec prime d’activité 2020-2021
Scénario 2
Avec prime d’activité 2020-2021
Scénario 3
Échelon 1 Classe Normale 1432 1432 1432 1432 1432
Échelon 2 Classe Normale 1623 1722,71 1797,46 1779,71 1786,79
Échelon 3 Classe Normale 1650 1739,03 1813,78 1796,03 1803,11
Échelon 4 Classe Normale 1699 1763,1 1830,76 1812,93 1820,10
Échelon 5 Classe Normale 1755 1804,86 1858,27 1844,02 1854,69
Échelon 6 Classe Normale 1815 1850,61 1896,94 1886,19 1886,19
Échelon 7 Classe Normale 1916 1951,61 1987,19 1987,19 1980,11
Échelon 8 Classe Normale 2059 2059 2059 2094,58 2087,5
Échelon 9 Classe Normale 2183 2183 2183 2183 2183
Échelon 10 Classe Normale 2329 2329 2329 2329 2329
Échelon 11 Classe Normale 2495 2495 2495 2495 2495

Pour le SNUipp-FSU, le compte n’y est pas. Certes, les revenus des collègues concerné·es pourraient augmenter mensuellement de 35 à 163 euros selon le scénario retenu mais de l’aveu même du ministère, 57% des collègues ne seront pas concerné·es, soit une grande partie de la profession. En augmentant de nouveau ces seuls personnels, le Ministère creuse d’un côté le fossé avec l’entrée dans le métier et lisse un peu plus les carrières de l’autre.

L’ajout d’une indemnité dégressive sur les seuls premiers échelons limite la progression des salaires issue du déroulement de la grille indiciaire. En effet, entre l’échelon 2 et l’échelon 8 les salaires mensuels n’augmenteraient plus que de 262 € au lieu de 432 € auparavant. En l’absence d’une revalorisation de la valeur du point d’indice, gelé depuis 2010, cette plus faible progression salariale en début de carrière serait totalement « grignotée » au fil du temps par l’inflation.

Suite à l’intervention du SNUipp-FSU pour dénoncer qu’une fois de plus les stagiaires sont oubliés, le ministère a annoncé une prime d’attractivité spécifique pour certains stagiaires mais pas pour toutes. Les conditions d’entrée dans le métier ne serait-elle pas les mêmes pour toutes et tous ?

Le SNUipp-FSU défend la revalorisation de tous les personnels mais pour cela, il faudrait dégager une vraie enveloppe budgétaire, ambitieuse, un plan de programmation sur plusieurs années : à la hauteur de l’investissement de celles et ceux qui tiennent l’école.

 Groupe de travail 2
Esprit d’équipe : collectif de travail libre ou hiérarchie intermédiaire de contrôle ?

Le Ministère entend « renforcer la cohésion et l’accompagnement des équipes éducatives », c’est-à-dire des collectifs de travail, mais aussi réfléchir aux fonctions de chacune et chacun en leurs seins. Reste à vérifier que les mots ne soient pas détournés de leur sens...

Cette volonté part du constat que ces collectifs existent déjà, de façon plus ou moins informelle, et qu’il faudrait leur donner une reconnaissance, en formaliser les objectifs...

Dans ce groupe de travail, Le Ministère a notamment avancé des idées autour de la création de fonctions mixtes dans le secondaire, s’inspirant des CPC du primaire, de l’accompagnement pédagogique lié à ces fonctions, de la place du projet d’établissement...
Face à la volonté de multiplier les fonctions mixtes et de modifier leurs missions, le SNUipp-FSU a remis en avant la dégradation des conditions de travail des formateurs-trices ces dernières années et s’est dit opposé à la transformation de leurs missions en vue de créer une gestion RH de proximité, c’est-à-dire une hiérarchie intermédiaire.

Le SNUipp-FSU a pointé comment le travail d’équipe était contrarié, voir empêché par la politique Ministérielle depuis 2017. Il a ainsi insisté sur l’abandon de l’aspect formatif de l’accompagnement au profit d’une politique injonctive et de contrôle, faisant perdre le sens du métier enseignant et donc générant beaucoup de souffrances chez les personnels.

Soulignant l’importance du travail en équipe, de la cohésion pédagogique au sein des écoles comme facteur de réussite des élèves, il a aussi rappelé que cette cohésion ne se décrétait pas et ne requérait pas non plus l’harmonisation des supports, des ressources didactiques, des pratiques. Le SNUipp-FSU a évoqué par là même l’importance de la formation continue, actuellement totalement défaillante.

 Groupe de travail 3
Amélioration du service public : faire sans moyens ?

Seules les questions du remplacement et des AESH ont été évoquées dans ce groupe de travail. L’intitulé du groupe de travail aurait pu laisser penser à des discussions plus larges.

Remplacement : une application et zéro recrutement

Si le problème du remplacement est unanimement partagé, le ministère écarte d’emblée l’abondement de postes qui serait la mesure prioritaire çà prendre d’autant que les postes de remplaçant·es restent les variables d’ajustement lors des opérations de carte scolaire. Pour le premier degré, la seule évolution prévue est la mise en place de l’application Anjaro, en test actuellement dans le Lot et la Somme, en plus du logiciel Aria qui gère les suppléances. Cette application devrait alléger le travail des secrétaires de circonscriptions, car son principe serait celui d’une interface mettant en relation les moyens et les besoins, le doctolib du remplacement !

AESH : des premiers trop petit pas

Ce point était très attendu vu que les discussions sur les AESH sont au point mort depuis un an et que la présentation générale et les propositions mises sur la table sont bien en-deçà des attentes des organisations syndicales présentes. Le Ministère a annoncé une enveloppe de 45 à 60 millions d’euros pour les 121.000 AESH. Ce qui ne représentera au maximum que 40 euros par mois par agent·es. En parallèle, l’extension des interventions des AESH à d’autres champs (jeunesses et sports, restauration scolaire...) a été évoqué.

Pour le SNUipp-FSU l’amélioration des salaires doit être réelle et conséquente avec notamment, la revalorisation de la grille indiciaire et l’accès aux primes REP-REP+. Le développement de la professionnalisation des AESH doit passer par celui de la formation (inscrite dans les priorités depuis 2019) et son inscription effective dans les plans de formation académiques et départementaux.
Il faut aujourd’hui clairement interroger la dégradation des conditions de travail des AESH en lien avec la généralisation des PIAL (dégradation des conditions de travail, services mutualisés, flexibilité, augmentation des déplacements et du nombre d’élèves à accompagner, interventions dans l’inter degrés…).

Il y a urgence à sortir de la précarité institutionnalisée subie par les AESH et dont tout le SP d’éducation pâtit aujourd’hui. L’accompagnement des élèves en situation de handicap correspond à un besoin permanent de service public, qui doit être reconnu par la création d’un corps et une véritable reconnaissance métier.

Le Ministère reste fidèle à sa ligne de conduite : beaucoup de communication, des silences et très peu d’avancées concrètes. C’est pourtant d’un vrai plan d’urgence dont l’école a besoin. Il est plus qu’urgent de l’entendre.