Lors de sa conférence de presse, le SNUipp-FSU a analysé la situation pour la rentrée 2021 et a exposé ses revendications. Après avoir détaillé le contexte sanitaire et montré les insuffisances du protocole, le syndicat a fait le bilan de la politique ministérielle et un focus sur deux points essentiels : la direction d’école et les salaires des personnels.
Une rentrée sous le signe du variant delta
Même si le ministre aime faire cette comparaison, nous ne sommes pas dans la configuration de l’année dernière. Le variant delta est beaucoup plus contaminant, avec un taux d’incidence multiplié par 5. Pour le syndicat, le niveau de protocole annoncé dimanche dans le Journal du Dimanche par le Ministre est inquiétant, d’abord parce qu’il n’est pas corrélé à un seuil épidémique, ensuite parce qu’il est identique quel que soit le niveau d’incidence dans les départements.
« Avec ce protocole, il y a fort à parier que l’école sera perturbée dès les premières semaines de l’année avec des fermetures de classes qui débuteront assez rapidement en fonction des départements les plus touchés. »
(Guislaine David, porte-parole et co-secrétaire générale du SNUipp-FSU)
Une politique de tests efficace, avec des campagnes de communication en direction des familles, éviterait la cascade de fermetures de classes à venir. L’État doit également financer des capteurs de CO2. Des règles claires pour la restauration scolaire doivent être définies pour limiter la distanciation physique et éviter les brassages. Enfin, le niveau du protocole doit être corrélé au niveau d’incidence, pour protéger au mieux les élèves et personnels des zones les plus touchées.
Quel bilan de la politique éducative du Ministre ?
De façon générale, le SNUipp-FSU considère que ce ministre a réussi tout au long de ce quinquennat à crisper la profession, par gestion de la crise sanitaire sans aucune anticipation et pleine de déni, en annonçant les mesures dans la presse.
La politique de Jean-Michel Blanquer a pour effet de renforcer les inégalités scolaires, tout en contrôlant les pratiques enseignantes. Actuellement la dépense par élève est inférieure de 12% à la moyenne des pays de l’OCDE. La comparaison en terme d’effectifs par classe et de taux d’encadrement montre également bien le retard de la France par rapport aux autres pays de l’OCDE.
Réforme de l’éducation prioritaire à bas bruits, réforme de la formation initiale et continue, manque de remplaçant.es, d’enseignant.es spécialisé.es, de personnels de médecine scolaire ... les raisons de réclamer un plan d’urgence pour l’école ne manquent pas.
Direction d’école : des propositions qui ne répondent pas aux besoins
Depuis très longtemps le dossier direction d’école est un dossier sensible que différents gouvernements veulent remettre sur la table avec la question du statut comme éternel serpent de mer. Ce dossier illustre aussi parfaitement le fonctionnement d’un ministre qui agit par idéologie sans hésiter à aller à l’encontre de la profession qui s’est exprimée très majoritairement contre.
Début juillet, le ministre a franchi la ligne rouge en annonçant en fin de discussion la création d’un emploi spécifique pour les directrices et directeurs totalement déchargés.
Aujourd’hui menacée, la fonction de direction d’école doit être réaffirmée et reconnue, tout en maintenant l’absence d’autorité hiérarchique dans les écoles. Pour mieux faire fonctionner les directions d’école et donc les écoles, nous réclamons : allègement des taches, aide administrative, augmentation des temps de décharge...
Salaires : un des dossiers les plus brûlants
Plusieurs éléments montrent l’urgence d’une réelle revalorisation des salaires.
Le point d’indice qui sert de base de calcul aux traitements des fonctionnaires est gelé depuis 11 ans. Avec l’inflation cela a donc engendré une baisse du pouvoir d’achat de 17% sur cette période.
De plus, les salaires des enseignant·es français·es sont bien moindres que ceux des enseignant·es des autres pays européens. En début de carrière le retard est ainsi de quasiment de 9% et monte jusqu’à 23,5% au bout de 15 ans d’ancienneté.
Enfin, les AESH ont un salaire basé sur le Smic et sont quasiment exclusivement à temps partiel, ce qui porte leur salaire à moins de 800€ nets. Les discussions salariales imposées par la mobilisation des personnels lors du Grenelle, a permis d’élargir un petit peu la grille de rémunération mais reste très loin de l’exigence d’une revalorisation au niveau d’une grille de fonctionnaire de catégorie B.
La question salariale reste pleine et entière pour tous les personnels. Il ne faut pas oublier non plus son lien avec le manque d’attractivité du métier et donc les difficultés de recrutement récurrentes rencontrées ces dernières années.