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Par : SNU62
Publié : 23 août 2022

« Fondamentaux » ? Non. Culture commune.

août 2022



« Une Ecole engagée pour la maîtrise des savoirs fondamentaux ». Avec cette phrase affirmée dans la circulaire de rentrée, le nouveau ministre marque sa continuité avec une des obsessions de Jean-Michel Blanquer, en faisant une des réponses aux creusements des inégalités scolaires. Or, faire de la maîtrise du « lire, écrire, compter et respecter autrui » la solution à l’échec scolaire n’a pas l’évidence que lui attribue la communication ministérielle.

Alors que le système éducatif français est un des plus inégalitaires de l’OCDE, c’est aussi un de ceux qui attribue le plus de temps aux disciplines dites fondamentales. Quand la France consacre 42,5 % de son temps scolaire aux autres matières que français et maths, les pays de l’OCDE y consacrent en moyenne 63 %, et la Finlande qui fait partie des bons élèves au niveau mondial en termes d’équité, plus de 60 %. La part des “fondamentaux” a même progressé dans les programmes français depuis les années 80, tout comme les inégalités.

Les données longitudinales produites par la DEPP dans le cadre du panel CP 2011 corroborent une inscription dans le temps, voire un creusement, d’inégalités scolaires socialement déterminées. Et si l’École parvient à faire progresser des élèves jugé·es en difficulté en CP, c’est d’abord celles et ceux issu·es des milieux les plus favorisés, particulièrement plus dotés en biens culturels.

Les travaux de sociologie des apprentissages démontrent que les élèves les plus en difficulté à l’école sont ceux qui sont convaincus qu’ils n’y sont justement que pour apprendre à lire, écrire et compter, alors que les élèves en réussite, en particulier quand ils sont issus des milieux populaires, ont compris que tous les savoirs leur permettent de comprendre le monde.

De fait, en resserrant sur les « fondamentaux » pour les élèves en difficulté, majoritairement issus des classes populaires, on n’enseigne pas ce qui est déterminant tant dans la réussite scolaire que pour l’émancipation individuelle et collective, à savoir un haut niveau culturel et une appétence pour des apprentissages nouveaux, qui sont facilités par la somme des savoirs déjà acquis. En substance, plus on sait de choses, plus on en retient facilement d’autres. On participe donc de l’augmentation des inégalités scolaires, renforcée par ailleurs dans la suite du cursus.

Œuvrer à l’égalité réelle, c’est faire que l’école permette l’acquisition par toutes et tous de l’ensemble des savoirs nécessaires pour penser le monde et agir dessus.