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Par : SNU62
Publié : 17 août 2022

FORMATION INITIALE

Une réforme de la formation initiale qui ne respecte pas l’École Publique

août 2022



Un an après la mise en place de la réforme de la formation des enseignant·es, il est possible de constater l’étendue des dégâts. En plus de porter atteinte à la professionnalité enseignante, à la polyvalence et aux conditions d’entrée dans le métier, cette réforme a multiplié les profils des entrants en formation initiale tout en complexifiant leurs affectations.

 Des étudiant·es sous contrat dans les classes

Depuis la rentrée 2021, des étudiant·es en master MEEF ont la possibilité de s’inscrire dans un dispositif d’alternance. Il s’agit d’assurer un tiers-temps d’enseignement sous statut de contractuel. Ces étudiant·es sont donc utilisé·es comme moyens d’enseignement alors même que leur formation initiale n’est pas terminée. Elles et ils se retrouvent donc à devoir mener de front la préparation et la gestion de la classe, la préparation du CRPE et la validation du master (rendu de travaux, évaluations, mémoire…). En contrepartie, une très faible rémunération d’environ 722 euros net par mois leur est proposée.
Ce dispositif n’est donc pas attractif ce qui se vérifie par le faible taux d’inscription des étudiant·es dans ces Masters dits “alternants”.

Les étudiant·es qui ne sont pas en alternance ont 18 semaines de stages d’observation et de pratique accompagnée dans les classes durant la totalité du Master MEEF.
Quelle que soit l’organisation de la formation que suivent les étudiant·es, elle n’en demeure pas moins trop resserrée sur les “fondamentaux” Maths et Français et ne leur permet pas de de se projeter véritablement dans le métier ni de se préparer suffisamment à ses exigences.

 Place du concours et conséquences

Depuis le concours 2022, le CRPE a été déplacé à la fin du master, entraînant :

  • une forte surcharge de travail en M2 MEEF avec la préparation aux épreuves ;
  • le recul d’un an de l’entrée dans le métier, avec ce que cela implique en termes de salaire et de recul de l’âge de départ à la retraite.

La mise en place de ce nouveau concours, en plus d’avoir été précipitée et insuffisamment préparée avec les INSPE, a eu pour effet catastrophique de restreindre le vivier de candidat·es : les candidat·es devant attendre d’atteindre le M2 avant de pouvoir s’inscrire aux épreuves.
Ainsi, le CRPE 2022 détient le triste record de l’année noire du recrutement avec un peu plus de 2100 postes non pourvus à l’issue des concours de recrutement : une catastrophe.

 Le concours…et après ?

Une fois le concours obtenu, la formation proposée aux lauréat·es est plus que lacunaire voire quasi inexistante dans certains cas :

  • Les stagiaires issu·es du master MEEF (ou ayant une expérience d’enseignement d’au moins 18 mois) sont utilisé·es comme moyens d’enseignement à plein temps en classe, avec en tout et pour tout un crédit de 10 à 20 jours de formation sur l’ensemble de l’année scolaire.
  • Les stagiaires issu·es d’un Master non MEEF sont utilisés comme moyens d’enseignement à mi-temps qu’elles et ils cumulent avec un mi-temps de formation à l’INSPE…

Pour la FSU-SNUipp, cette réforme de la formation initiale est inacceptable. Elle entraîne une responsabilité de classe précoce pour des personnes non ou insuffisamment formées ce qui de fait induit un changement de posture des stagiaires. De plus, les conditions de formation sont inéquitables et la charge de travail de l’année de M2 est encore alourdie.
Pour le syndicat, la formation professionnelle, prise en charge par l’employeur, doit impérativement s’opérer après le recrutement et la responsabilité de classe doit être pensée comme un élément de formation et non pour pallier un déficit de recrutement.